Banne d'Ordanche 1930
A partir du lac de Guéry, l'accès à la banne d'Ordanche est facile : le chemin suivi est une ancienne route, où subsistent encore quelques plaques de goudron, et même une borne Michelin, toutefois illisible.
Pourtant, cette route ne mène nulle part, hormis la ferme du puy May, une pauvre maison depuis longtemps abandonnée. La ruine est plus à son avantage lorsque les nuages l'enveloppent d'un voile romantique, et que les jonquilles parsèment les alentours de taches de couleur.
Une homme assez âgé rencontré un jour m'a raconté que, enfant, il venait ici en colonie de vacances. En effet, face à la ferme, on voit des restes d'anciens bâtiments, mais il faut remonter encore plus loin, aux années 1930, pour en trouver l'origine.
Des baraquements permettaient d'abriter les planeurs Avia, et de loger sans confort leurs pilotes, quelques mois par an. C'est ici que fonctionnait le Centre national de vol sans moteur, dont les activités ont cessé en 1942, sur ordre de l'occupant allemand.
Les planeurs monoplaces étaient hissés sur la crête qui va du puy Loup à la Banne d'Ordanche : un dénivelé de 60 mètres, parcouru avec l'aide d'ânes, de chevaux, ou d'engins motorisés.
Sur cette crête a été placée la borne des quatre seigneurs, ou plutôt des quatre maires, car elle marque désormais la limite entre les communes du Mont-Dore, de Perpezat, Murat-le-Quaire et Laqueuille. Quant à l'édifice planté au sommet du puy Loup, je considère qu'il s'agit de la tour de contrôle (voir note en bas de page).
De là, je dispose d'une vue sur la totalité de la piste d'envol.
Les planeurs étaient lancés à l'élastique : deux équipes tenant chacune une extrémité du sandow couraient sur le versant nord-ouest. On lâchait tout, et hop !
selon la dextérité du pilote, l'engin catapulté retombait immédiatement au niveau des hangars, ou beaucoup plus tard et plus loin, en profitant de courants thermiques ascendants.
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C'est ainsi que, le 23 juillet 1935, Eric Nessler est resté en vol durant 16h 05, dans le secteur des roches Tuilière et Sanadoire, battant son propre record de France. (4)
Aujourd'hui, les vols habités sont interdits, à cause de la proximité de la base d'aéromodélisme. Pour prendre de la hauteur, je n'ai donc pas d'autre choix que de monter au sommet de la banne d'Ordanche.
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- Dommage, je m'y voyais bien ! Mais le 20 janvier 2013, Georges Laroche m'apporte ces précisions :
" J'ai personnellement bien connu ce lieu à partir de 1943 (j'ai 83 ans ; étant enfant j'allais passer mes vacances d'hiver à la ferme du Guéry).
Je me permets de vous signaler que le bâtiment circulaire qui se trouve au sommet du Puy Loup n'est pas une "tour de contrôle" et n'a aucun rapport avec l'ancien centre de vol à voile. Il n'existait pas à l'époque.
J'ignore sa date de construction. Il s'agit probablement d'une ébauche de table d'orientation.
Par ailleurs je vous signale un superbe album : "Planeurs au dessus des volcans", de Jean Barnérias, publié par la Fédération française de vol à voile."
Renvois :
* photos copiées sur le site de la Bibliothèque nationale de France, "Gallica",
et provenant de revues numérisées :
1- Aéro, organe hebdomadaire de la locomotion aérienne,
2- Revue aéronautique de France.
* photos tirées du livre d'or de l'Aéro-club d'Auvergne :
3- année 1931.
* précision :
4- Le détenteur définitif du record mondial de durée en planeur monoplace est Charles ATGER, né en 1921 : 56h 15mn du 2 au 4 avril 1952 à Romanin-les-Alpilles.
Voir aussi : La banne d'Ordanche (randonnée)