Le vieux Montferrand
Encore Richelieu ! Non content d'avoir détruit nombre de nos châteaux-forts, voilà qu'il prend parti pour Clermont, au détriment de la cité voisine de Montferrand ! Et peut-être juste sur un coup de tête, sans doute excédé par les querelles incessantes entre ces villes rivales. Mais le résultat est là : en transférant la Cour des Aides sur l'autre colline, il a fait partir tous ces hauts magistrats très riches qui jugeaient souverainement en matière fiscale bien au-delà de la seule Auvergne, et les avocats, et ainsi de suite.
Pour faire bonne mesure, il ampute même Montferrand d'une partie de son nom : on parlera désormais de Clermont-Ferrand, et tant pis si cette dénomination n'est pas très jolie.
L'intérêt pour nous, c'est que les bâtiments du temps de la splendeur sont plus ou moins restés en l'état, ce qui nous permet d'admirer les maisons à colombages, et les hôtels particuliers dont l'austère pierre de Volvic est adoucie par les somptueux décors de style Renaissance.
Au sud, même relégué sur une placette, le lion perché sur la fontaine présente encore fièrement le blason de la ville : c'est son portrait tout craché.
Et un ado fait son cinéma !
A l'ouest, sur la place où se tenaient les grands marchés, trône la fontaine des quatre saisons. La borne entre les deux villes est un peu plus loin, rue de la Rodade.
L'église est de style appelé "gothique languedocien", dans lequel l'aspect extérieur était traité avec simplicité (à l'exception, ici, de la façade).
Vierge à l'enfant du XIIe siècle, en pierre
La maison de l'Apothicaire tient l'un des angles du carrefour central. Le praticien, muni de son clystère, s'apprête à administrer un lavement au patient qui a déjà pris position.
L'hôtel de Fontenilhes
Hôtel Regin, Saint Christophe et l'enfant Jésus
L'Annonciation
L'hôtel de la Porte (maison de l'Architecte)
Hôtel d'Albiat (maison des Centaures)
L'hôtel de Fontfreyde n'a plus cet aspect décrépit ; sa restauration semble près d'être achevée.
Dans la cour, la belle Lucrèce en médaillon, violée par Sextus Tarquin, fils du roi de Rome, met un terme à sa souffrance en se plantant un poignard en pleine poitrine.
Pour l'instant, la version restaurée a moins de cachet, je crois qu'il faudrait que les joints retrouvent leur blancheur
Cœur de Riom
Au Ve siècle, Riom disposait déjà d'une église et d'un curé prénommé Amable. Comme le père faisait des miracles, il ne tarda pas à être vénéré, et la ville commença à s'étendre.
Les reliques de Saint Amable sont aujourd'hui encore conservées pieusement dans l'église qui porte son nom. Celle-ci n'a pas de style bien marqué, mais elle est dotée d'un riche mobilier : grandes orgues, grands tableaux, dorures, autel et anges en marbre...
Mille ans plus tard (c'est fou comme le temps passe vite !), Guillaume Revel prend un cliché de la ville. Devenue capitale administrative et judiciaire de l'Auvergne, elle s'est bien développée, protégée par ses remparts. Remarquez que Guillaume venait d'Aigueperse, au nord, c'est pourquoi l'est se trouve à gauche, et l'ouest à droite, bien sûr.
(Bibliothèque Nationale de France)
On observe d'abord, devant les remparts, l'Ambène (ce ruisseau a été en partie détourné pour alimenter des tanneries), et dans l'enceinte, de gauche à droite : le palais construit par Jean de Berry à partir de 1360 (à l'emplacement de l'actuel palais de justice) avec la Sainte Chapelle, puis le beffroi devenu la tour de l'Horloge, l'église ND du Marthuret, et la basilique Saint-Amable.
La Tour de l'Horloge
La dernière maison à pans de bois
Dans l'église du Marthuret, construite à partir de 1308, est conservée la Vierge à l'oiseau, également du XIVe siècle. Sous la Terreur, les bouchers de Riom ont caché cette sculpture afin qu'elle échappe à la destruction.
A la Renaissance, Riom devint ville royale, et des hôtels particuliers abondamment décorés furent édifiés.
La fontaine Adam et Eve a été construite plus tardivement, au XVIIe siècle.
Au XXe siècle, Etienne Clementel, dont le buste a été sculpté par Rodin, s'est attaché à préserver et enrichir le patrimoine de la ville.
Le Baiser de la Gloire, dans la cour de l'Hôtel de ville, sous les arcades
Mais la ville n'est pas entièrement bourgeoise. Près des anciennes tanneries, on trouve un quartier populaire. Il n'est pas nécessaire d'être un grand marcheur : tout est concentré dans la surface délimitée par le boulevard circulaire qui suit le tracé des anciens remparts.
La vallée des usines
La Durolle, avec son cours torrentueux, a offert une force hydraulique utilisée à Thiers dès le Moyen-Âge, pour alimenter les moulins à farine, les foulons des tanneurs, les maillets des papetiers, et avec le développement de la coutellerie, les martinets des fondeurs et les meules des émouleurs.
Dans les débuts de l'ère industrielle, à partir de 1850, seule la coutellerie est parvenue à se maintenir. Elle était encore éparpillée dans de très petits établissements, mais des fabriques utilisant des machines-outils sont apparues.
Puis l'utilisation de l'électricité a libéré les usines des caprices de la Durolle. Au XXe siècle, elles ont été progressivement abandonnées, nous laissant leurs ruines à contempler.
îlot Navaron
Nous avons cassé les reins à une montagne,
forcé une rivière folle à travailler pour nous
mieux que ne le feraient trente mille chevaux
rouet Delaire
J’aime la rude musique du travail, et si par hasard
j’ai une idée triste, en frappant mon enclume, je
n’ai qu’à sortir un peu, à venir ici, et à regarder
rire l’eau et le soleil pour me sentir fier et content !
Creux de l'Enfer
Le Trou d'Enfer ! je suis de la plaine, moi, et je ne connaissais
guère les précipices. Et puis un trou d'enfer au milieu d'une ville,
ça ne me paraissait pas possible. Et cependant j'entendais le
grondement de la chute d'eau ...
usine du May
Photo à la une du journal La Montagne du mercredi 23 mai 2012 :
" La région thiernoise sous les eaux "
chez Ferrier
Bah ! notre enfer n'est pas si laid qu'on veut bien le dire !
mes yeux s'y sont accoutumés, et tous ces toits de bois noircis
par la fumée, ces passerelles tremblantes sur les cascades ...
oui, tout cela me danse devant les yeux et me chante dans les oreilles !
Le Paquebot
Tous les textes surlignés sont tirés de La Ville Noire, de George Sand.
Complété le 23 mai 2012
Thiers - Le Moutier
Le pont du Navire relie depuis le XIIIe siècle la ville ecclésiastique, au bord de la Durolle, à la ville seigneuriale installée en position dominante.
Oeuvres de Patrick Raynaud, 1986
Un moutier (monastère) était déjà installé à cet endroit au VIe siècle. L'abbaye fut rattachée au XIe siècle à Cluny ; elle a conservé des moines bénédictins jusqu'à la Révolution. Les vestiges qui subsistent à notre époque sont le logis abbatial (remanié), ses jardins (qui se visitent en été), et l'église Saint-Symphorien.
Restaurée à la fin du XIXe siècle, l'église a été amputée de ses parties les plus anciennes, qui ont toutefois échappé à la destruction.
Des travaux effectués en 1953 ont fait apparaître, sous le porche, des peintures anciennes.
L'intérieur, repeint, comporte des chapiteaux décorés, datant du XVe s.
En face de l'église, dans un agréable jardin public, se trouve l'orangerie (ouverte seulement le mercredi).
(à suivre : la vallée des usines)
Retour à Thiers
Drôle de ville, avec son quartier historique perché autrefois riche, sa ville basse, ses usines aban-
données au bord de la Durolle. Et, plus récente, sa longue et plate ligne droite, bordée de constructions hétéroclytes, et terminée par un large rond-point où trônait l'imposante guillotine de Dennis Oppenheim(1). Celle-ci, qui était rituellement démontée à chaque manifestation d'agriculteurs, a fini par renoncer ; où ses débris se cachent-ils aujourd'hui ?
Le dynamisme affiché à la sortie de l'autoroute ne reflète pas forcément la réalité économique
Pourtant, même surmontée d'une rampe d'autoroute, et longtemps défigurée par par une barre d'HLM, la ville haute a conservé sa fière allure.
Là-haut, une ville riche s'est élevée,une ville bariolée
de couleurs tendres et rieuses que les voyageurs
comparent à une ville d'Italie, une ville quasi neuve
avec des fontaines, des édifices, des routes ! (3)
Mais, hormis l'emblématique maison du Pirou, les immeubles de prestige semblent manquer d'entretien, et certains perdent leur activité, à l'exemple du Tribunal ou de la Banque de France.
Dans les raides petites rues dévalées par les enfants que François Truffaut avait pris plaisir à filmer(4), ce ne sont, à l'exception des magasins de coutellerie, que vitrines mortes et façades décrépites, qui régulièrement s'effondrent. Seules les familles d'origine turque, immigrées lorsque la coutellerie était florissante, acceptent encore de vivre dans ces immeubles vétustes. Malgré les efforts de la municipalité, la situation s'aggrave : depuis plusieurs mois, la rue de la Coutellerie est en partie évacuée et fermée par des palissades, sans qu'une date de réouverture puisse être fixée.
Depuis la terrasse des remparts, le panorama sur le lointain massif du Sancy reste somptueux, mais on ne peut manquer de remarquer, en se retournant, la longue devanture noirâtre qui fut celle (on le devine sous la crasse) de Défimode. Les ruelles gardent leur charme, avec leurs maisons à pans de bois et les peddes qui les traversent.
Dès le Moyen-Âge, un château s'élevait à Thiers. Il en reste des murailles (sur lesquelles se sont appuyées les maisons branlantes), et un porte près de l'église Saint-Jean. Au-delà, les escaliers et les sentiers creusés à flanc de rocher (les pâtières) descendent vers la rivière.
vigne dans les jardins de l'hôpital
bain de soleil face aux usines
1- L'oeuvre, créée lors du symposium de sculpture monumentale métallique organisé en 1985, a été démantelée à l'approche de l'an 2000.
2- Tableau de Théodore P.E. Rousseau, 1830.
3- Extrait de La Ville noire, de George Sand, 1861.
4- Dans L'Argent de poche, sorti en 1976.
Les fresques de Châtel-Guyon
A Châtel-Guyon, la sainte Anne qui veille sur l'église est de facture rustique. Modeste jusque dans sa tenue de paysanne en sabots du pays brayaud, on dirait une cousine de Bécassine dorlotant un ouistiti. Ce n'est pas une moquerie : la ressemblance me semble évidente.
A l'intérieur, en revanche, Nicolas Greschny s'est montré beaucoup plus démonstratif. En deux mois, durant le terrible hiver 1956, il a recouvert d'images pieuses les 900 m2 d'espace disponible. On admire le bel ouvrage, même si ces jolies illustrations n'ont pas toutes une puissance évocatrice très forte.
Les quatre cavaliers de l'Apocalypse
Adam et Eve
L'archange Saint Michel terrassant le dragon à sept têtes
Moïse présentant la manne céleste aux Hébreux
Le baptême de Jésus, et la Jérusalem céleste d'où sortent les quatre fleuves
Les verrières sont en cristal de Baccarat incrusté dans du ciment armé
Sur la butte dominant l'église s'élevait autrefois le château du comte Guy II ("Castel Guidonis", qui a donné son nom à la ville), croqué ici par Guillaume Revel.
Slobo lui a redonné un semblant de vie, sur un pignon.
Mais au sommet il ne reste aucune trace du château : seulement le calvaire, et une table d'orientation.
PS- Mais oui (voir le commentaire de Cécile), c'est bien le chanoine Jean Puyau qui a commandé les fresques :
Le puy de Crouel
<< Plus loin, un puy fameux, que l'on nomme Crouel,
Aux yeux du voyageur paraît un vaste autel ;
Il s'élève au milieu d'une campagne immense :
Qui sait comment sa masse en ces lieux prit naissance ?
D'où vient de ses rochers le bitume noirci ?
Le brûlant Phlégéton sortirait-il d'ici ?
Autrefois je montais sur son sommet pierreux
Et je croyais alors escalader les cieux
Je t'adresse mes vers, petit mont remarquable
Qu'environne Bacchus de son pampre agréable >> (1)
Deux siècles plus tard, un tel enthousiasme n'est pas de mise : l'immense campagne est très urbanisée, et le calme du lieu est relatif, car il faut parvenir à faire abstraction du bourdonnement continu de la circulation automobile.
A quelques mètres de l'autoroute, devant leurs cabanes, les jardiniers imperturbables échangent leurs plants de tomates, en se demandant s'il est bien raisonnable de les repiquer maintenant, alors que les saints de glace ne sont pas passés.
Quelques cerisiers s'élèvent au-dessus des broussailles ; une cépée de figuiers s'est développée au chaud contre la roche. Bacchus se contente d'une maigre parcelle de vigne peu à peu gagnée par l'envahissante aristoloche clématite.
Le Crouel signale le début des " indésirables " (2) rejetés à la périphérie de la ville. Les plus acceptables d'entre eux se sont alignés à ses pieds : funérarium et funérarium, cimetière et crématorium. Du camp de tziganes discrètement installé de l'autre côté, près des jardins, ne parvient que l'aboiement d'un chien. Les dépôts d'ordures ne sont pas très loin ; le chantier de l'incinérateur contesté - voir (3) - est encore plus proche.
En juillet 1939, un militaire a sans doute trouvé la mort en percutant avec son avion le sommet du mont. Ses camarades ont érigé une stèle à sa mémoire, sans préciser les circonstances de l'accident. On ne retient donc que son nom (qui ne facilite pas les recherches) : le sergent M. Truc.
Un petit enclos dont le grillage a été enfoncé protège (un peu) des antennes depuis longtemps inutilisées.
En haut fleurit le chèvrefeuille, en bas le cornouiller. Mêlées aux arbustes et aux rochers, des plantes basses offrent au soleil leurs couleurs variées.
Vue du puy de Crouel depuis la carrière de Gandaillat
(1) - " Le panorama naturel " par Jacques Bernard, 1816
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(cliquer sur l'image pour accéder au document)
(2) - " Les Indésirables - Paysage déversoir du trop-plein de la ville " par Adèle Moury : ici.
(3) - Article du journal " La Montagne " du dimanche 15 mai 2011 :
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Beaumont Châtaigneraie, la balade
Beaumont Châtaigneraie : l'arrêt du bus de la T2C dessert principalement la clinique, connue notamment pour son service " Urgences main ", et pour sa maternité.
Cet arrêt donne également accès, immédiatement derrière la clinique, à une zone verte de 10 hectares encore préservée. Le bois de la Châtaigneraie s'accroche à ses racines centenaires, tandis que juste au-dessus, à Boisséjour, de grandes grues qui grignotent gravement aimeraient bien, goulûment, franchir la limite.
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Du haut de l'ancienne carrière de pouzzolane, nous dominons les environs.aa
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J'ai tenté de reconnaître quelques plantes, je les montrerai la prochaine fois.
Voir aussi : Les plantes au printemps Les orchidées L'été L'automne
Les quatre anges et les quatre vents
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L'abbaye de Mozac a subi, outre les vicissitudes de l'Histoire qui ont conduit à son abandon, des inondations et surtout, au XVe siècle, deux violents tremblements de terre suivis de reconstructions hasardeuses. Mais son église conserve de nombreux chapiteaux sculptés présentant des scènes propres à éduquer, émouvoir ou simplement distraire le bon peuple.
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Parmi les compositions offertes à notre admiration par le Maître de Mozat, il en est une qui a été placée en évidence, au sol à l'entrée du choeur.
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Les quatre anges et les quatre vents
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Les anges sont songeurs : nous sommes à l'aube de l'Apocalypse ; un calme oppressant précède le déchaînement des éléments.
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Ces anges ont été chargés de retenir un moment le souffle des quatre vents, le temps de reconnaître, parmi les hommes, ceux qui sont dignes d'échapper à la tourmente.
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Les vents, eux, sont seulement impatients d'exercer leur force brutale.
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Inconscients du désastre qu'ils vont provoquer, ils auraient même un air un peu simplet.
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Une autre interprétation, issue d'un esprit trop subtil pour se contenter d'une simple illustration de la Bible, voit dans la corne que tiennent les personnages le symbole de la parole, diffusée aux quatre vents. Les anges fermeraient le bec à ces gens qui, faisant mauvais usage de leur langue, ne méritent pas de s'exprimer.
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C'est le curé de la paroisse (1) qui a retrouvé cette oeuvre, en 1983 : utilisée comme un quelconque élément de construction par de piètres restaurateurs (2), elle avait été placée dans un mur parmi des pierres anonymes.
(1)- Pas tout seul ! Il a bien donné sa bénédiction, mais c'est le Club historique mozacois, dirigé par Jean-Marie Perona, qui a effectué les recherches, comme le précise l'article paru dans "La Montagne" le 4 mars 2012 :
(2)- L'appréciation est peut-être un peu hâtive : voyez le commentaire d'Antoine.
Safari-photo dans Billom
Les fontaines
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La fontaine miraculeuse : elle attire irrésistiblement
tout photographe amateur, et lui permet de réaliser des photos surprenantes !
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La fontaine qui dévoile toutes ses pensées
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La fontaine au lion mécontent
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Pont sur l' Angaud
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Le ruisseau sépare les deux bourgs autrefois rivaux
de Saint-Cerneuf et Saint-Loup
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Le beffroi
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L'église Saint-Loup
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Des têtes couronnées énigmatiques
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Le quartier médiéval
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La rue des Boucheries
Pendre l'ennemi à un croc de boucher ? A bien y regarder, ce serait trop barbare !
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