Entre béal et pigeonniers
Guide Chamina " Lembron et Pays des Couzes ", n° 30
Ce béal, c'est un petit canal d'irrigation, proche de la couze d'Ardes, qui va jusqu'à longer les maisons du centre de Saint-Germain-Lembron.
Le lierre s'est bien accroché au peuplier
Nous atteignons bientôt la couze, au bord de laquelle trône un imposant saule pleureur.
Dans le parc où l'on peut pique-niquer, des livres sont à disposition.
Nous nous éloignons du bourg.
Nous suivons à nouveau le béal bordé de murets de galets, dans l'ombre parsemée de taches de lumière.
En septembre, ce sont surtout des tournesols fatigués qui se dressent dans les champs.
A mi-parcours, pour rejoindre Collanges, nous abordons la seule côte (petite) de ce parcours de deux heures trente.
Voici une fontaine double à Collanges.
Grâce au gel (une autre fois), elle a mérité une image double.
Derrière un haut mur, une tour restaurée annonce le château.
Face au château, un simple pré se trouve muni d'un grand portail.
Le tympan de la porte de l'église supporte une pietà sculptée du XVIe siècle, classée monument historique.
Après Collanges, ce ne sont que des cultures jusqu'au retour au village.
Le circuit ne nous reconduit pas directement à la grande place en terre battue devant l'hôtel de ville, mais nous fait parcourir les rues anciennes, jusqu'à l'église.
Pourtant visible de loin, le clocher a bien du mal à trouver sa place entre les maisons.
Les vergers de Tallende
(Guide Chamina "Autour de Clermont-Fd Riom Issoire", n° 23)
A Tallende coulent en parallèle deux rivières jumelles, distantes seulement d'une centaine de mètres. Alors qu'elles se rejoignaient en amont, la coulée de lave des puys de la Vache et de Lassolas, en s'étalant dans la vallée, les a séparées et rejetées sur ses bords. Huit mille ans plus tard, la Veyre et la Monne ne sont pas parvenues à éroder la roche volcanique, et chacune a creusé son lit en bordure.
Attention au tigre de la Monne !
La vallée produit des pommes depuis le 18e siècle. Mais aujourd'hui, ce sont surtout les cerisiers en fleurs, sur les hauteurs, qui attirent le regard.
Vue à l'est sur Monton
Tallende et, plus haut, Le Crest
Vue sur Saint-Amant-Tallende, son église, son château (à gauche)
Château de Saint-Amant-Tallende et pont sur la Monne
Place de l'Eglise
D'habitude, le départ des balades est fixé sur la place de l'Eglise. Ici, les parcours ne manquent pas, pour rejoindre Mozac, Riom ou Volvic, gravir la colline de Mirabel, ou observer le système de répartition de l'eau autrefois surveillé par les aigueurs. Mais pour une fois les visiteurs garent leur voiture près de la mairie, et non devant l'église.
A Marsat, pourtant, c'est bien l'église qui vous attirera irrésistiblement, sachant que sa porte n'est jamais close, et dès lors que vous aurez pu apercevoir sa Vierge noire. Ne faites pas comme moi la première fois, remarquez bien qu'un interrupteur sur la gauche permet de l'éclairer.
Le château-fort qui se dressait ici cachait ses murailles sous une enveloppe de lierre. Elles commencent aujourd'hui à se libérer, sous l'impulsion de l'association des amis de Marsat. Du coup, la belle fontaine érigée en l'honneur de François 1er est provisoirement cachée par les barrières du chantier.
L'église comporte deux nefs accolées, la plus ancienne datant du Xe ou XIe siècle : c'était la chapelle d'un couvent de Bénédictines, dont il reste aussi le porche, et des vestiges du cloître.
A l'entrée, un chapiteau a été reconverti en support de bénitier.
Une curieuse roue, sur laquelle s'enroule une chandelle de cire, est suspendue à la voûte. A l'origine (très ancienne), elle était offerte chaque année à la Vierge pour attirer sa protection. De nos jours, bien accrochée, elle ne semble plus vouloir bouger, même en procession, et sa flamme ne scintille plus.
Dans une niche, un trésor est exposé. Sur la gauche, face à la tête d'un homme appliqué à maintenir l'édifice, une vierge et son fils, avenants mais un peu mièvres, nous préparent à la vision des stars hiératiques encore dans l'obscurité.
Ça y est, j'ai appuyé sur le bouton !
Fort de Mareugheol
Bien qu'aucune bande armée ne menace plus les villageois depuis la fin de la guerre de Cent Ans, le fort de Mareugheol reste le mieux protégé de toute la plaine du Lembron. Les hauts remparts flanqués de leurs quatre tours d'angle sont toujours là, percés d'étroites ouvertures qu'un arrêté municipal, dûment placardé pour que nul n'en ignore, interdit formellement de franchir. En haut des murs, des pierres branlantes pourraient à tout moment basculer, et fracasser la tête des imprudents qui oseraient pénétrer dans les ruelles à l'abandon.
En réalité, je pense que la municipalité a seulement voulu dégager sa responsabilité en cas d'accident. Je n'ai donc pas hésité à braver l'interdit, sous le regard indifférent des chats de garde.
Le gîte des deux roues en a placé une face au passage
"Descendez, ça c'est défendu
Mater chez les gens !"
Ne cherchez pas la Vierge debout allaitant.
Elle a été confiée à la cathédrale de Clermont, en attendant l'installation d"un système de sécurité.
( Photo : Ministère de la Culture, Conservation des antiquités et objets d'art du Puy-de-Dôme)
Bigorne et Chicheface
Vous arrivez sans crainte à Villeneuve-Lembron, sur les pas de Rigault d'Aureille comme le précise le panneau indicateur.
Mais la place est vide, et l'avertissement est clair : ici, vous êtes sous la menace d'êtres étranges, l'un rond et gras, l'autre long et maigre.
Dès lors, l'angoisse monte, et vous n'avez d'autre recours que de vous réfugier au château.
Non, pas celui-ci, dont il ne reste qu'une tour carrée, mais le nouveau, construit par le seigneur après s'être enrichi en servant successivement quatre rois.
Mais ne restez pas dans le parc, cherchez donc un lieu plus sûr.
Ici ce sont les écuries, ornées de scènes de guerre et de paix. Dans les deux cas une lance peut vous briser le coeur.
La bigorne est là, mais vous voyez bien qu'elle est en carton, elle ne saurait vous faire peur.
Vous quittez ce lieu, car votre rang (de même que votre droit d'entrée fixé seulement à 5,50 €) vous autorise à pénétrer dans le logis seigneurial.
Malédiction ! C'est ici que ces créatures vous guettent, avides de chair humaine.
Il faut cependant savoir que la Chicheface ne se nourrit que de femmes bonnes et sages, et celles-ci sont si rares qu'elle ne mange que très rarement à sa faim (2). A l'inverse, la Bigorne se goinfre à l'envi des nombreux maris martyrisés par leurs épouses acariâtres (3).
Rigault d'Aureille avait beaucoup voyagé.
Rentré chez lui, et déçu par ses relations conjugales, le pauvre homme n'avait d'autre issue que de se laisser dévorer tout cru par la Bigorne. Quant à vous, peut-être trouverez-vous une porte de sortie : votre épouse, certes, est loin de vous donner toute satisfaction, mais vous n'êtes pas parfait non plus. Prenez-la donc par la main, et quittez ensemble ce lieu de malheur (j'ai essayé, ça marche !).
Le hic, c'est qu'ainsi vous n'aurez pas pu admirer les décors du château ... Dommage !
1- Image tirée de "Rois et reines de France", Editions Mirontaine.
2- Le dit de la Chicheface :
" Moy que l'on appelle Chicheface
Très maigre de coleur et de face
Je suis et bien en est rayson
Car ne mange en nulle saisson
Que femmes que font le comandement
De leurs maris entièrement
Des ans il y plus de deux cens
Que ceste tiens entre mes dens
Et si ne l'ose avaler,
De peur de trop long temps jeûner
Car dix mille ans ay esté en voye
Sans jamais avoir trouvé proye."
3- Le dit de la Bigorne (extrait) :
" Bons hommes qui le comandement
Font de leurs femmes entièrement
Sont si bons pour moy que c'est rage
Je les mège de bon coraige
Bons hommes sont bons à mèger.
Si je suis gras n'est pas merveille
Bons hommes m'essordent l'oreille
Afin que morir je les face."
Champeix (2ème partie)
Du château du Marchidial, il ne reste que les remparts, quelques ruines, et la petite église.
On y monte par des ruelles étroites et tortueuses accrochées aux rochers.
Sur le versant opposé, ensoleillé, une association de sauvegarde a recréé de très jolis jardins en terrasses : le jardin à bouquets, le jardin du porche, du pigeonnier, du bois tordu, des amourettes ...
En bas, un canal de dérivation alimente en eau les potagers.
Champeix (1ère partie)
A Champeix, les maisons accolées de la place de la Halle, toujours animée, épousent harmonieusement la courbe de la couze Chambon, sous l'oeil attentif de l'ancien maire Paul Malsang qui, élu sénateur, s'occupa surtout de questions agricoles, mais intervint peu dans les débats (selon Wikipedia).
Dans son dos, des ruelles pentues vous conduisent entre de hauts murs vers des caves verrouillées percées d'étroites lucarnes, puis vous abandonnent au milieu des orties et des ronces. Derrière la poste, un sentier rocailleux passe près d'un pigeonnier rococo, et, si vous en faites l'effort, vous hisse jusqu'à un plateau bordé de pentes abruptes. En continuant sur ce parcours balisé en bleu, vous atteindrez le menhir de Pierre-Fichade.
Sur la rive droite de la couze, c'était le domaine des soeurs de Saint Joseph. Il en reste l'église et un jardin clos.
Statue en bois de Saint Verny, patron des vignerons
Linteau roman réunissant les symboles de la Trinité :
l'agneau (le Fils), la main de Dieu (le Père), la colombe (le Saint-Esprit).
Cuve baptismale du XVIe siècle
Et encore un passage mystérieux !
A suivre : Le Marchidial et les jardins
Saint-Hilaire la Croix
Lac Rouge, lac Roy, la croix ... Pauvres pèlerins de Compostelle, nous affrontions autrefois dans ces contrées de graves dangers. Mais notre sang ne colore plus l'eau calme du petit étang, depuis que le prieuré veille sur nous.
Porte fortifiée du XIIIe, et bâtiment de style bourbonnais de la fin du XVIIe siècle
Les moines nous rappellent toutefois que dragons, basilics et goules rôdent toujours, inquiétants ...
Mais nous sommes déterminés à combattre le Mal,
à extirper celui qui se cache en nous,
et même la mort nous fait moins peur, avec les rites dont nous l'entourons.
Outre la sérénité, nous trouvons ici le vivre et le couvert.
Nous nous recueillons devant les symboles de notre religion, avant de reprendre notre marche.
La fuite en Egypte, oeuvre contemporaine en bois de René le Foll
(reproduction d'un bas-relief en granit ornant le calvaire de Plourin-lès-Morlaix)
Marie-Madeleine, statue en pierre polychrome, début du XVIe siècle
D'après Symbolisme biblique des chapiteaux, de Jean PASSAT, édité par l'association "Les Amis du Prieuré" :
1- cul-de-lampe de la purge (ou du purgatoire). Le personnage central se purge de ses passions mauvaises, qui l'encadrent et le tiennent dans leurs pattes de centaures : la guerre à gauche, et la concupiscence charnelle à droite. Le petit visage à droite exprime la souffrance du purgatoire ; la fleur à gauche -l'héliotrope- exprime la progression vers la lumière.
2- tympan de la porte sud : le repas chez Simon le pharisien. Le Christ est assis à une table avec deux disciples à droite, et Simon à gauche. Ils désignent du doigt Marie-Madeleine, couchée aux pieds du Christ dans une position d'adoration. A droite est représenté un glouton, à gauche c'est une fleur parfumée. Que l'on soit ivrogne ou pécheresse, le Christ ne rejette personne, n'en déplaise aux partisans (représentés par Simon) d'un respect sourcilleux de la loi juive.
3- cul-de-lampe du retournement. Cet ensemble représente les quatre façons de recevoir la parole de Dieu. Le personnage de gauche tire la langue et n'entend rien, celui de droite n'a qu'une petite tête et a du mal à comprendre. Le personnage central du bas est triste, car il n'a pas su faire fructifier l'enseignement divin. Le dernier personnage est accroupi, la tête retournée pour soutenir de toutes ses forces la colonne de la parole de Dieu (mais ce n'est pas facile, à voir comme il souffre).
Autour de Chadrat
Le "Chemin des bâtisseurs des paysages" permet, sur 11 km, de découvrir une grande diversité de paysages et de constructions :
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Au sud du village, au lieu-dit "Les Côtes", la croix de Boria surplombe Saint-Saturnin.
La vue est étendue ; une table d'orientation facilite le repérage.
La tour située sur le bord du plateau est un relais de télécommunications.
C'est sur le coteau sec, en contrebas, que les paysans cultivaient la vigne. Comme chez Jean Ferrat, avec leurs mains dessus leur tête, ils avaient monté des murettes jusqu'au sommet de la colline.
Traversant le plateau, nous arrivons à la chapelle Sainte-Anne.
Nous voici sur la voie gallo-romaine qui reliait Augustonemetum aux thermes du mont Carnador(1), depuis que Nectarius en avait chassé les druides.
Nous traversons la montagne de la Serre, lieu d'observation du passage des oiseaux migrateurs.
Un jour ensoleillé de juillet, j'y ai aussi rencontré une foule de batraciens et de papillons.
En redescendant sur Chadrat, à Lagarde, les murets en pierre sèche d'une ancienne cerisaie ont été dégagés des ronces envahissantes, et restaurés.
(1) Actuellement, on dirait plus simplement que la route reliait Clermont-Ferrand à Saint-Nectaire.
Le village de Chadrat
C'est un charmant village installé, côté soleil, au flanc de la montagne de la Serre. Il dépend de la commune de Saint-Saturnin, mais ses habitants ont construit leur propre église, accueillante et sans prétention.
Le village tout en longueur dispose depuis 1904 d'un réseau de sept fontaines, alimentées par la même source et toutes semblables. Seule la dernière, en sortie haute du village, est complétée par un abreuvoir, pour des troupeaux qui sont toujours là, élevés en bio.
Au centre du village, non loin du four banal occasionnellement remis en service, l'indispensable lavoir - plus ancien que les fontaines - est protégé des intempéries. Un beau bac rond complète l'équipement.
L'ancien cimetière, désaffecté en 1891, conserve quelques stèles encore debout, dispersées dans l'herbe.
Le hameau de vignerons n'était plus peuplé que d'une centaine d'habitants vers 1960. Mais sa proximité avec l'agglomération clermontoise lui permet de reprendre vie, et nombre d'anciennes maisons sont restaurées.
Il faut traverser un petit ruisseau, le Taut, pour rejoindre le quartier des caves.
A suivre : Autour de Chadrat