Cœur de Riom
Au Ve siècle, Riom disposait déjà d'une église et d'un curé prénommé Amable. Comme le père faisait des miracles, il ne tarda pas à être vénéré, et la ville commença à s'étendre.
Les reliques de Saint Amable sont aujourd'hui encore conservées pieusement dans l'église qui porte son nom. Celle-ci n'a pas de style bien marqué, mais elle est dotée d'un riche mobilier : grandes orgues, grands tableaux, dorures, autel et anges en marbre...
Mille ans plus tard (c'est fou comme le temps passe vite !), Guillaume Revel prend un cliché de la ville. Devenue capitale administrative et judiciaire de l'Auvergne, elle s'est bien développée, protégée par ses remparts. Remarquez que Guillaume venait d'Aigueperse, au nord, c'est pourquoi l'est se trouve à gauche, et l'ouest à droite, bien sûr.
(Bibliothèque Nationale de France)
On observe d'abord, devant les remparts, l'Ambène (ce ruisseau a été en partie détourné pour alimenter des tanneries), et dans l'enceinte, de gauche à droite : le palais construit par Jean de Berry à partir de 1360 (à l'emplacement de l'actuel palais de justice) avec la Sainte Chapelle, puis le beffroi devenu la tour de l'Horloge, l'église ND du Marthuret, et la basilique Saint-Amable.
La Tour de l'Horloge
La dernière maison à pans de bois
Dans l'église du Marthuret, construite à partir de 1308, est conservée la Vierge à l'oiseau, également du XIVe siècle. Sous la Terreur, les bouchers de Riom ont caché cette sculpture afin qu'elle échappe à la destruction.
A la Renaissance, Riom devint ville royale, et des hôtels particuliers abondamment décorés furent édifiés.
La fontaine Adam et Eve a été construite plus tardivement, au XVIIe siècle.
Au XXe siècle, Etienne Clementel, dont le buste a été sculpté par Rodin, s'est attaché à préserver et enrichir le patrimoine de la ville.
Le Baiser de la Gloire, dans la cour de l'Hôtel de ville, sous les arcades
Mais la ville n'est pas entièrement bourgeoise. Près des anciennes tanneries, on trouve un quartier populaire. Il n'est pas nécessaire d'être un grand marcheur : tout est concentré dans la surface délimitée par le boulevard circulaire qui suit le tracé des anciens remparts.
Place de l'Eglise
D'habitude, le départ des balades est fixé sur la place de l'Eglise. Ici, les parcours ne manquent pas, pour rejoindre Mozac, Riom ou Volvic, gravir la colline de Mirabel, ou observer le système de répartition de l'eau autrefois surveillé par les aigueurs. Mais pour une fois les visiteurs garent leur voiture près de la mairie, et non devant l'église.
A Marsat, pourtant, c'est bien l'église qui vous attirera irrésistiblement, sachant que sa porte n'est jamais close, et dès lors que vous aurez pu apercevoir sa Vierge noire. Ne faites pas comme moi la première fois, remarquez bien qu'un interrupteur sur la gauche permet de l'éclairer.
Le château-fort qui se dressait ici cachait ses murailles sous une enveloppe de lierre. Elles commencent aujourd'hui à se libérer, sous l'impulsion de l'association des amis de Marsat. Du coup, la belle fontaine érigée en l'honneur de François 1er est provisoirement cachée par les barrières du chantier.
L'église comporte deux nefs accolées, la plus ancienne datant du Xe ou XIe siècle : c'était la chapelle d'un couvent de Bénédictines, dont il reste aussi le porche, et des vestiges du cloître.
A l'entrée, un chapiteau a été reconverti en support de bénitier.
Une curieuse roue, sur laquelle s'enroule une chandelle de cire, est suspendue à la voûte. A l'origine (très ancienne), elle était offerte chaque année à la Vierge pour attirer sa protection. De nos jours, bien accrochée, elle ne semble plus vouloir bouger, même en procession, et sa flamme ne scintille plus.
Dans une niche, un trésor est exposé. Sur la gauche, face à la tête d'un homme appliqué à maintenir l'édifice, une vierge et son fils, avenants mais un peu mièvres, nous préparent à la vision des stars hiératiques encore dans l'obscurité.
Ça y est, j'ai appuyé sur le bouton !
Une BD à la Chaise-Dieu
Les tapisseries du choeur de l'église abbatiale de la Chaise-Dieu ont été déposées pour une rénovation qui durera trois longues années. Dans l'attente de leur retour (en un autre lieu, paraît-il), j'ai revu les photos que j'avais prises lorsqu'elles étaient en place.
Ces tapisseries forment une bande dessinée qui raconte la vie de Jésus, entrecoupée de flash-back sur des histoires de l'Ancien Testament, aux péripéties plus ou moins prémonitoires.
J'en présente ici quelques extraits. Bien sûr j'ai accentué fortement les contrastes, mais peut-être n'est-ce qu'un avant-goût de l'éclat qu'affichera la version restaurée. Les images étant elles-mêmes très expressives, la traduction des bulles de texte en écriture gothique n'est qu'un jeu d'enfant : je me suis livré à ce jeu, de façon assez libre.







(voir aussi : Pâques, la résurrection )
Le souvenir s'efface
Inutile de pousser la porte, il n'en reste que l'encadrement, et les occupants ne craignent plus les cambriolages.
Pour reconnaître les siens, il faut se frayer un passage dans la végétation libre et vigoureuse, avant de déchiffrer les antiques stèles.


Aspert ou Cierge, Thiallier ou Thénard, Batisse ou Brugière, depuis longtemps les chrysanthèmes ont cessé de vous embaumer à la Toussaint.


Parfois c'est une mare trouble qui vous recouvre, je n'aimerais pas être à votre place.
Mais je ne peux rien pour vous, seulement vous promettre de vous rendre encore visite l'année prochaine, si tout va bien.
Saint-Hilaire la Croix
Lac Rouge, lac Roy, la croix ... Pauvres pèlerins de Compostelle, nous affrontions autrefois dans ces contrées de graves dangers. Mais notre sang ne colore plus l'eau calme du petit étang, depuis que le prieuré veille sur nous.
Porte fortifiée du XIIIe, et bâtiment de style bourbonnais de la fin du XVIIe siècle
Les moines nous rappellent toutefois que dragons, basilics et goules rôdent toujours, inquiétants ...
Mais nous sommes déterminés à combattre le Mal,
à extirper celui qui se cache en nous,
et même la mort nous fait moins peur, avec les rites dont nous l'entourons.
Outre la sérénité, nous trouvons ici le vivre et le couvert.
Nous nous recueillons devant les symboles de notre religion, avant de reprendre notre marche.
La fuite en Egypte, oeuvre contemporaine en bois de René le Foll
(reproduction d'un bas-relief en granit ornant le calvaire de Plourin-lès-Morlaix)
Marie-Madeleine, statue en pierre polychrome, début du XVIe siècle
D'après Symbolisme biblique des chapiteaux, de Jean PASSAT, édité par l'association "Les Amis du Prieuré" :
1- cul-de-lampe de la purge (ou du purgatoire). Le personnage central se purge de ses passions mauvaises, qui l'encadrent et le tiennent dans leurs pattes de centaures : la guerre à gauche, et la concupiscence charnelle à droite. Le petit visage à droite exprime la souffrance du purgatoire ; la fleur à gauche -l'héliotrope- exprime la progression vers la lumière.
2- tympan de la porte sud : le repas chez Simon le pharisien. Le Christ est assis à une table avec deux disciples à droite, et Simon à gauche. Ils désignent du doigt Marie-Madeleine, couchée aux pieds du Christ dans une position d'adoration. A droite est représenté un glouton, à gauche c'est une fleur parfumée. Que l'on soit ivrogne ou pécheresse, le Christ ne rejette personne, n'en déplaise aux partisans (représentés par Simon) d'un respect sourcilleux de la loi juive.
3- cul-de-lampe du retournement. Cet ensemble représente les quatre façons de recevoir la parole de Dieu. Le personnage de gauche tire la langue et n'entend rien, celui de droite n'a qu'une petite tête et a du mal à comprendre. Le personnage central du bas est triste, car il n'a pas su faire fructifier l'enseignement divin. Le dernier personnage est accroupi, la tête retournée pour soutenir de toutes ses forces la colonne de la parole de Dieu (mais ce n'est pas facile, à voir comme il souffre).
Greschny me poursuit !
Sans doute Nicolas Greschny a-t-il trouvé que je n'avais pas fait preuve d'assez d'enthousiasme devant ses fresques à Châtel-Guyon. Sinon, je n'avais aucune raison, pour ce week-end prolongé de Pentecôte, de choisir d'aller au pays du roquefort. Ni de m'intéresser aux raspes du Tarn, ces pentes sauvages qui, après Millau, succèdent aux gorges, et, après avoir visité Saint-Rome du Tarn, d'arriver à Saint-Victor et Melvieu, précisément devant la petite église de Saint-Victor.
Pardonnez-moi, Nicolas, je ne voulais pas vous froisser. Je n'ai pas une grande culture artistique, encore moins religieuse ; je ne m'étais certes pas extasié, mais j'avais bien aimé vos jolies images, surtout les scènes d'action très expressives. Et j'ai admiré la technique, car je sais que vous dessiniez d'un seul trait, sans retouche possible. Alors, était-ce vraiment utile de m'envoyer voir - excusez du peu - la "Chapelle Sixtine rouergate" , que vous avez peinte trois ans avant d'exercer votre art en pays brayaud ?
Si maintenant je tente le moindre commentaire, je risque de réveiller la colère du Maître, qui serait capable de m'expédier Dieu sait où, afin que je me repente devant l'une ou l'autre de ses oeuvres (une centaine), dispersées surtout dans le sud de la France. Ou bien de m'obliger à suivre un stage chez son fils Michaël, qui continue la tradition.
Tout de même, Nicolas, vous comparer à Michel-Ange, n'est-ce pas un peu présomptueux ?
Aïe ! j'ai dû gaffer, les Cieux sont mécontents, et voici que l'orage gronde au-dessus de Roquefort.
Thiers - Le Moutier
Le pont du Navire relie depuis le XIIIe siècle la ville ecclésiastique, au bord de la Durolle, à la ville seigneuriale installée en position dominante.
Oeuvres de Patrick Raynaud, 1986
Un moutier (monastère) était déjà installé à cet endroit au VIe siècle. L'abbaye fut rattachée au XIe siècle à Cluny ; elle a conservé des moines bénédictins jusqu'à la Révolution. Les vestiges qui subsistent à notre époque sont le logis abbatial (remanié), ses jardins (qui se visitent en été), et l'église Saint-Symphorien.
Restaurée à la fin du XIXe siècle, l'église a été amputée de ses parties les plus anciennes, qui ont toutefois échappé à la destruction.
Des travaux effectués en 1953 ont fait apparaître, sous le porche, des peintures anciennes.
L'intérieur, repeint, comporte des chapiteaux décorés, datant du XVe s.
En face de l'église, dans un agréable jardin public, se trouve l'orangerie (ouverte seulement le mercredi).
(à suivre : la vallée des usines)
Les fresques de Châtel-Guyon
A Châtel-Guyon, la sainte Anne qui veille sur l'église est de facture rustique. Modeste jusque dans sa tenue de paysanne en sabots du pays brayaud, on dirait une cousine de Bécassine dorlotant un ouistiti. Ce n'est pas une moquerie : la ressemblance me semble évidente.
A l'intérieur, en revanche, Nicolas Greschny s'est montré beaucoup plus démonstratif. En deux mois, durant le terrible hiver 1956, il a recouvert d'images pieuses les 900 m2 d'espace disponible. On admire le bel ouvrage, même si ces jolies illustrations n'ont pas toutes une puissance évocatrice très forte.
Les quatre cavaliers de l'Apocalypse
Adam et Eve
L'archange Saint Michel terrassant le dragon à sept têtes
Moïse présentant la manne céleste aux Hébreux
Le baptême de Jésus, et la Jérusalem céleste d'où sortent les quatre fleuves
Les verrières sont en cristal de Baccarat incrusté dans du ciment armé
Sur la butte dominant l'église s'élevait autrefois le château du comte Guy II ("Castel Guidonis", qui a donné son nom à la ville), croqué ici par Guillaume Revel.
Slobo lui a redonné un semblant de vie, sur un pignon.
Mais au sommet il ne reste aucune trace du château : seulement le calvaire, et une table d'orientation.
PS- Mais oui (voir le commentaire de Cécile), c'est bien le chanoine Jean Puyau qui a commandé les fresques :
La ronde des crèches à Landogne
Voici quelques photos de l'édition 2011 de cette exposition, qui se poursuit dans les rues du village jusqu'au 8 janvier 2012.
* A voir aussi : l'édition 2007 -
Lavaudieu, le village
A seulement une heure de route de Clermont, c'est un village de Haute-Loire qui figure parmi les "plus beaux villages de France".
Même si la maison du boulanger disparu est aujourd'hui un petit musée des traditions populaires, le village est toujours vivant. Les brebis l'affirment avec fierté, en défilant sur la place, au pas martial de leur guide.
En contrebas des maisons anciennes aux pierres apparentes, au bord de la Senouire, les jardins bien exposés sont magnifiquement entretenus.
Robert de Turlande, le fondateur de de l'abbaye de la Chaise-Dieu, a créé dans le village en 1057 un couvent de bénédictines, qui accueillit des moniales jusqu'à la Révolution.
C'est aussi à la Révolution que l'église abbatiale a perdu la pointe de son clocher. Mais elle a conservé des peintures du XIVe siècle.
La Mort Noire distribue ses flèches à l'aveuglette
Une copie de la tête du Christ de Lavaudieu, connu pour faire des miracles
(l'original est au musée du Louvre ; le torse est à New-York)
Le cloître roman de l'abbaye est le seul qui subsiste dans toute l'Auvergne.
Dans le réfectoire, une fresque de style byzantin (XIIe siècle) a été mise au jour.
A suivre : Lavaudieu, la balade