Papillon vole, parfois
Le 20 septembre 2012, une chenille quittait la pelouse, s'avançant résolument vers la terrasse.
C'était un flambé : ce papillon apprécie les cerisiers, et notamment les miens.
A Nonette, celui-ci était sur du lierre
J'ai perdu la chenille de vue avant de la retrouver, quatre jours plus tard, installée sous forme de chrysalide dans un pot de cactées.
Elle se doutait bien que ces plantes seraient protégées du gel, et qu'elle pourrait ainsi passer l'hiver dans de bonnes conditions. Le 3 novembre, elle n'avait pas beaucoup changé.
La période de froid se prolongeant, ce n'est que le 2 mai qu'elle montra des signes d'évolution : l'enveloppe fissurée laissait apparaître les couleurs des ailes.
Les fissures ne me semblaient pas de bon augure, et effectivement la situation s'est figée. Le papillon, pourtant formé, paraissait momifié. Le 7 juin, j'ai ouvert l'enveloppe.
C'était raté, il ne prendrait jamais son envol. Heureusement, d'autres ont survécu. En ce moment, ils sont quelques-uns à voler au sommet du puy de Marmant.
(Wikipedia - Dessin de
Jacob Hübner, 1800)
Collection de papillons, du ramoneur à la zygène
- ramoneur (odezia atrata)
Aux alentours de la Godivelle, le 10 juin 2007
- robert-le-diable
A Courpière, sur des asters, le 19 octobre 2008
Près de Saint-Georges-de-Mons, sur du lamier blanc, le 3 août 2008
j
- satyre et mégère
Le satyre, c'est le mâle, et la femelle est bien sûr la mégère. Ici, à Narbonne le 25 juin 2009, c'est une mégère, car ses ailes antérieures n'ont pas la large bande sombre transversale qui caractérise le mâle.
L'accouplement se pratique tête-bêche
Le 21 mai 2014 au soir, une mégère se protège du vent sur un mur de ma maison, derrière un volet
a- souci et soufré
Les entomologistes distinguent le colias crocea (souci) et le colias hyale (soufré), ce qui ne nous facilite pas la tâche. En haut, à Saint-Bonnet le Bourg le 24 août 2008, c'est plutôt un soufré.
En bas, à Fontclairant le 4 octobre 2009, c'est un souci qui s'est fait piéger dans la toile d'une épeire diadème.
aa
A Six-Fours-les-Plages, le 4 juillet 2009, c'est nettement un soufré
Ici, vu sous ses deux faces parce que trouvé mort sur un chemin
à Saint-Alyre d'Arlanc le 23 septembre 2012, c'est un souci femelle
- sphinx du tilleul
Cette chenille est au dernier stade de son évolution, avant la chrysalide. Découverte par Cathie le 1er août 2009 à Beaumont, elle n'était pas descendue d'un tilleul, mais d'un bouleau.
- sphinx colibri ou moro sphinx ou sphinx du caille-lait
a
a
k
Sur mes zinnias, le 26 août 2009-
- sylvain azuré
- sylvandre
- tabac d'Espagne
Sur la montagne de la Serre, le 17 juillet 2011, une femelle
Au pied du puy des Gouttes, le 14 août 2013, un mâle
- tircis
En bordure de chemin, à Ceyrat, le 2 août 2010
- tristan
Sur la montagne de la Serre, le 17 juillet 2011
- turquoise-
Saint-Genès Champespe, le 29 mai 2011.
Ce papillon fait partie de la famille des zygènes (voir plus bas).
- vulcain
Lui aussi est attiré par les zinnias, le 10 octobre 2009
-
- Yponomeute
Protégées par leurs fils de soie, les chenilles ont consciencieusement dévoré
les jeunes feuilles d'un fusain, à Ceyrat le 11 mai 2014
- Zygène de la filipendule
La filipendule, c'est une plante vivace proche de la reine-des-prés. Mais la zygène apprécie tout autant les chardons de la Tour d'Auvergne, et la lavande de mon jardin.
Ne nous énervons pas, y'en aura pour tout le monde !
Filipendule, c'est un joli nom, mais je serais bien en peine d'identifier précisément les zygènes, car on en dénombre 800 espèces (seulement 35 pour la France, mais c'est encore trop). Ci-dessus, près du puy de la Vache le 13 juillet 2010, celle de gauche pourrait être la zygène de la coronille, et celle de droite la zygène pourpre ... sous toutes réserves !
Précédents : De l'aurore à l'étoilée Du fadet à la pudibonde
Nota : Les photos ajoutées aux miennes sont toutes issues de Wikimedia Commons, et repérées par les lettres Wk (sauf le sphinx colibri, qui a été peint au début du XVIe siècle par Jean Bourdichon, pour Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne)
(Complété le 6 juillet 2014)
Collection de papillons, du fadet à la pudibonde
- fadet
. L'amaryllis, le myrtil et le céphale sont des papillons qui se ressemblent beaucoup. Ci-dessus, au jardin sur un arbre à papillons, le 14 août 2009, c'est peut-être bien une sorte de fadet mais pas le fadet commun, qui est certainement celui-ci, plus petit, observé le 4 septembre 2011 à Saint-Diéry :
- flambé (Iphiclides podalirius)
(voir : Papillon vole, parfois)
- gamma
Il doit son nom à la tache blanche qui, sur ses ailes antérieures, rappelle la forme de la lettre grecque gamma.
Celui-ci a pénétré chez moi le 12 juin 2009. Sa chenille, qui opère la nuit, est une ravageuse des cultures légumières.
a
- gazé ou piéride de l'aubépine
a
C'est une espèce qui se raréfie en zones d'agriculture intensive.
A Beaumont, le 21 juillet 2010
A Gergovie, le 29 avril 2011, je pense qu'il s'agit de jeunes chenilles (moins de 20 mm) de gazé, sortant de l'enveloppe dans laquelle elles ont hiverné.
a- géomètre à barreaux
C'est un papillon que je n'ai pas observé dans la région, mais à Narbonne le 17 septembre 2008.
v
- grand nègre hongrois ou moiré blanc fascié
A Super-Besse, le 29 juillet 2007
Ici, dans la cheire du puy de Côme le 19 juillet 2009,
je ne suis pas sûr que ce soit le même.
aa
- grand mars changeant
Près du château de Montlosier, le 13 juillet 2010
a
- hespérie du brome ou échiquier
- hespérie du dactyle
- hiéroglyphe ou clignotante, ou noctuelle didyme
Accouplement, le 30 mai 2013
- Lithosie
à quatre points (Cybosia mesomella) :
aplatie, ou manteau à tête jaune :
Beaumont, le 25 août 2016
- louvette ou petite hépiale du houblon
La chenille est assez fréquente dans les jardins, où elle se nourrit, notamment, des racines des salades (voir le lien).
Le 30 juin 2013, une salade en moins dans mon jardin,
mais j'ai trouvé la responsable
- machaon
Au puy Saint-Romain, le 7 septembre 2008 ...
... mais aussi à Port-Vendres, au cap Béar, le 27 juin 2007
La chenille, à Beaumont le 15 septembre 2011
- marginée
A Saint-Victor la Rivière, le 27 juin 2010,
un petit papillon (moins de 30 mm) vivant dans les boisa
- mélitée du plantain
A Yronde le 20 mai 2018
- méticuleuse ou craintive
Celle-ci était dans mon jardin, sur une fleur de zinnia, le 3 octobre 2009. Mais on rencontre plus fréquemment sa chenille verte bien dodue.
Le 15 mars 2015
- morio
- myrtil
Une femelle, dans mon jardin le 14 août 2013
- nacré de la sanguisorbe
- noctuelle de la patience
A Clémensat, le 30 septembre 2007
(Wk)a
- noctuelle frangée
A Mirefleurs, le 11 avril 2010
-
Noctuelle, sans doute la même, dans mon jardin le 24 juin 2010
-
-
Peut-être une autre noctuelle, au Vernet Sainte-Marguerite le 2 avril 2011
- orangé des alpages (crocota tinctaria)
Au puy de Sancy, le 18 août 2012
Seul le mâle est orangé : ici, c'est donc une femelle.
- paon du jour
Depuis que je l'ai observé à divers stades de de son évolution (voir Métamorphoses 1 et 2), nous sommes devenus amis. Dès la deuxième quinzaine de mars, il revient au jardin, et je le rencontre souvent au hasard des chemins. Il me fait alors le plaisir de m'accompagner un moment.
h
Le 9 avril 2009 sur les aubriètes
Le 27 septembre 2008, un petit coup de froid l'incite à revenir
se protéger dans la cabane de sa naissancen
- petit collier argenté
Le Vernet-la -Varenne, le 27 mai 2007
Saint-Bonnet-le-Bourg, le 24 août 2008
- petit nacré
A Picherande, le 31 juillet 2011
- petit sylvain
Allagnat, le 7 juillet 2020
- petite tortue
Saint-Victor la Rivière, le 27 juin 2010
Super-Besse le 23 juillet 2013
- petit paon de nuit
Cette chenille, à Six-Fours-les-Plages, le 30 juin 2009, traversait imprudemment la route forestière - heureusement interdite aux véhicules - menant à la chapelle Notre-Dame du Mai.
(Wk)
b- phalène du sureau
La chenille trompe son monde, d'abord en ne mangeant pas forcément les feuilles du sureau, mais en se régalant aussi de celles de mes rosiers, comme ici le 24 septembre 2009.
Ensuite, elle tente de passer inaperçue, en imitant les tiges de la plante qu'elle a choisie.
Pas mal, mais elle devrait aussi imiter les épines.
(Wk)
h- phalène hardie
Près de la Godivelle, le 10 juin 2007
- phalène picotée
Toujours à la Godivelle, même date
- phalène printanière
- piéride du chou
A Olloix, sur un géranium dans les gorges de la Monne, le 28 mai 2007, tu es bien belle.
Mais au jardin le 13 août 2008, je n'apprécie guère que tu t'approches ainsi, l'air de rien, de mon rang de choux ...
ni que tu t'y installes carrément pour pondre ! (le 26 août 2013)
- ptérophore blanc
Le 31 août 2007 (déjà montré)
- pudibonde ou orgyie pudibonde ou patte étendue
Avec ses quatre brosses sur le dos, elle est bien de la même famille que l'étoilée, qui terminait la première série. Et elle aussi est urticante.
Et voici pourquoi on l'appelle parfois patte étendue :
Précédent : De l'aurore à l'étoilée Siuvant : Du ramoneur à la zygène
Nota : Les photos ajoutées aux miennes sont toutes issues de Wikimedia Commons, et repérées par les lettres Wk.
(Complété le 7 juillet 2020)
Collection de papillons, de l'aurore à l'étoilée
L' aurore, le ciel azuré, la nuit étoilée, n'est-ce pas poétique pour évoquer des papillons diurnes et nocturnes ? En fait, c'est le résultat d'un simple classement alphabétique, arrêté dans un premier temps à la lettre E. Cet ordre est purement aléatoire : je n'ai pas retenu le nom scientifique, mais l'appellation courante ... Or, en français, ces papillons ont toujours plusieurs noms, souvent dérivés des couleurs qu'ils arborent. Par ailleurs, j'ai pu commettre des erreurs d'identification ; n'hésitez pas à me les signaler !
- agreste
Très énervant, il replie toujours ses ailes lorsqu'il se pose.
Près du Boulou, le 15 juillet 2011
Sur la montagne de la Serre, le 17 juillet 2011
- amaryllis
Ce papillon très commun, observé aux alentours de Nadaillat le 13 août 2008, peut facilement être identifié : le rond noir sur les ailes antérieures comporte deux points blancs, au lieu d'un seul chez les fadets ou les céphales.
- aurore
IiIci, au Mont-Dore le 13 avril 2011, c'est un mâle,
reconnaissable à ses ailes antérieures à moitié orange
- azuré commun ou argus bleu, ou azuré de la bugrane
A Mirefleurs, le 7 septembre 2008
Ceyrat le 13 mai 2014, un mâle;
- belle-dame
C'est un papillon migrateur, qui ne s'arrête pas régulièrement chez nous. Mais cette année, il a fait un passage très remarqué partout en France. Le 12 mai 2009, un petit groupe faisait halte sur mon lilas fleuri.
m
- bombyx à livrée
Le 19 mai 2007, à Villossanges
(Wk)
m
- bombyx de la ronce
Le 11 novembre 2007, à Madriat
(Wk)
m
- bombyx du chêne
Le 13 août 2008, à Nadaillat
Le 3 juin 2009, à Beaumont
m
- bombyx disparate
29 juillet 2008
Chez moi, il reste isolé, et sa chenille se promène sans crainte.
Le 13 juillet 2013, elle gambade
Le 21 juillet, elle a été victime d'un prédateur qui n'a laissé que la tête
Mais dans le Var, certaines années, elle peut faire de gros dégâts :
(Var Matin du 8 juillet 2009)
m
- carte géographique
Ce papillon doit son nom aux rayures blanches visibles sur le dessous des ailes, qui peuvent faire penser à un réseau routier. Ici, à Mezel sur un chemil en bordure d'Allier le 1er juin 2010, il est sous sa forme printanière.
La génération de l'été a des couleurs différentes, où domine le noir :
Toujours au bord de l'Allier, à Coudes le 22 juillet 2013
- citron
A Picherande, le 31 juillet 2011
Dans mon jardin, le 14 août 2012
- crambus lathoniellus
Il n'a pas de nom familier, ce papillon à peine plus gros qu'une mite, qui volète près du sol lorsque les pas du promeneur le dérangent, sur les chemins bordant des prairies.
- Cuivré de la verge d'or
A Randanne, le 21 juillet 2012
- découpure
Une sorte de noctuelle, chez moi le 28 septembre 2008
- demi-deuil
aa
En haut, à Saint-Gervazy, le 27 juin 2008, puis près du puy de la Vache le 13 juillet 2010. Et en bas, mais beaucoup plus bas sur la carte de France, près de Narbonne le 25 juin 2009.
m
m
- écaille chinée
C'est un papillon de nuit qui butine le jour et adore les eupatoires, comme ici à Saint-Hérent, le 27 août 2006.
A la maison, discrète mais souvent présente, l'écaille chinée prend ses aises, jusqu'à s'installer le 30 août 2009 sur un batik rapporté du Sénégal, dont les couleurs lui ressemblent tant qu'on a l'impression que le tableau attendait qu'elle vienne y apporter la touche finale, et n'en plus bouger : elle est venue mourir ici.
m
- écaille pourprée
Dans mon jardin elle ne montre que du jaune tacheté de noir. Mais parfois elle étend ses ailes ...
... et laisse apparaître le rouge dans d'autres conditions que sèchement clouée sur une planche, je l'espère pour elle.
- écaille tigrée
J'adore cette élégante qui m'a rendu visite le 6 juin 2007, en se plaquant à la fenêtre du salon (je l'avais déjà montrée).
- éphémère
Ci-dessus, c'est à Narbonne, le 14 septembre 2007. Mais l'éphémère se risque aussi parfois à affronter les rigueurs du climat auvergnat :
Sur une vitre de ma cuisine, le 11 juin 2012, après une journée de pluie
- étoilée (orgyia antiqua)
Le 15 août 2008, la chenille stationnait sur un muret. Déjà bien protégée par ses avertisseurs rouge vif, ses soies urticantes, et ses quatre brosses jaunes sur le dos, elle a montré son mécontentement en sécrétant une grosse goutte de liquide toxique.
Le papillon est moins remarquable, surtout la femelle qui n'a même pas d'ailes et reste quasiment immobile. Elle se borne à émettre des phéromones pour attirer les mâles, et ensuite pondre sur place des centaines d'oeufs. Voici l'accouplement :
Suite : - Du fadet à la pudibonde - Du ramoneur à la zygène
Nota : Les photos ajoutées aux miennes sont toutes issues de Wikimedia Commons, et repérées par les lettres Wk.
(Complété le 13 mai 2014)
Métamorphoses, la suite
Le mardi 19 août, nous déplorons déjà une perte dans nos rangs : une pupe de diptère - disons, pour simplifier, une larve de mouche, dans son dernier stade d'évolution - est découverte près de N°5, qui donc avait été parasitée.
Mercredi 20, N°5 accouche d'un deuxième intrus.
Jeudi 21, l'horreur continue : le jardinier croit revoir Alien, alors que du corps vidé de son amie N°3 - qui lui avait offert quelques jours plus tôt le spectacle de sa nymphose - s'extrait en se contorsionnant un asticot repu.
Vendredi 22, le jardinier inspecte le fond de la boîte, et découvre dans les orties séchées encore six larves identiques aux précédentes. Parmi les nymphettes immobiles, il ne fait pas de doute que N°2, petite et noirâtre, a elle aussi été infestée. De plus en plus habité par les images d'Alien, le jardinier se demande si dans cet équipage miné par un envahisseur sournois, il trouvera son lieutenant Ripley.
Les jours passent, dans l'inquiétude mais sans nouvelle victime apparente... Jeudi 28 août, dans le cockpit près de ses deux collègues momifiées, N°1 a plutôt bonne mine.
A l'arrière, un mince espoir de survie subsiste pour N°4, qui n'a que partiellement noirci :
Samedi 30 août, l'émotion est à son comble : dans l'après-midi, N°1 laisse apparaître, en transparence, les yeux caractéristiques de son espèce, qui orneront ses ailes déployées. La naissance est proche.
Dimanche 31 août, le jardinier s'empresse de nous rendre visite. Il a compris que N°4 ne s'éveillera pas, mais je suis là, moi N°1, prête pour l'éclosion.
Il va, il vient, il surveille, mais se laisse quand même surprendre, car ma sortie est très rapide. Me voici donc, seul dans cette équipe à atteindre l'état de papillon. On m'appelle
paon du jour
Il faut maintenant me laisser le temps de récupérer, de défroisser mes ailes, de m'endurcir.
Je ne me détache de mon enveloppe vide qu'au bout de deux bonnes heures.
10 h 50 - la trace rouge, c'est un déchet que j'ai éliminé après la naissance
(le méconium, chez les papillons comme chez les humains)
Mes tentatives d'envol me conduisent à la porte. Il est temps que le jardinier l'ouvre.
C'est parti, je vais découvrir le vaste monde ! Après un vol d'une quinzaine de mètres, je fais un premier arrêt, puisje repars, me posant de ci, de là. Je butine un souci, et bientôt je m'éloigne.
Je dispose de beaucoup de temps jusqu'à l'hiver, lorsque le froid m'obligera à chercher un un abri. Je me réveillerai en mars, et je volerai encore jusqu'à la fin du printemps, après m'être accouplé pour que le cycle continue, tant qu'il y aura des orties.
Le jardinier est satisfait d'avoir mené à bien son expérience. Il faut dire qu'encore une fois, André Lequet l'a bien aidé, en décrivant précisément, dans son article consacré à inachis io (c'est mon nom scientifique), toutes les étapes de l'opération.
Quant aux pupes de diptères, elles sont toujours là, mais le jardinier ne les aime pas. Il leur en veut d'avoir causé la mort de ses protégées, et il ne se sent pas une vocation d'éleveur de mouches. Il va les relâcher dans la nature, et les laisser vivre leur vie.
Le 20 septembre, je suis de retour, attiré par les zinnias
(ou bien, si ce n'est moi, c'est donc mon frère)
Métamorphoses
Nous partîmes cinq cents, et il fallait bien nous pondre en aussi grand nombre, car nous serons sûrement peu nombreuses à arriver au port.
Est-ce là une ancienne tenue abandonnée après une mue, ou le résultat d'une hécatombe ? Quoi qu'il en soit, nous étions encore nombreuses à dévorer nos provisions : un jardinier adepte du purin d'orties avait laissé se développer cette plante délicieuse qui compose tous nos repas. Nous étions là depuis un mois environ, et nous avions subi diverses évolutions. Mais ce n'est que le 9 août, alors que nous étions bien grasses et avions revêtu notre tenue de gala -une jolie robe noire à pois blancs- que l'homme nous repéra.
Nous restions plutôt groupées, mais il ne faut pas nous prendre pour de vulgaires chenilles processionnaires. D'ailleurs, nos épines sont sans danger, nullement urticantes. Elles sont néanmoins impressionnantes, et le jardinier mit du temps avant d'oser nous toucher : il gardait ses gants, au prétexte que les orties, elles, ne manqueraient pas de le piquer.
Sans relâche, nous mangions ces feuilles appétissantes.
Les plus aventureuses partaient explorer les sommets.
Après nous être bien gavées, et ayant atteint les quatre centimètres réglementaires, l'appétit nous a manqué. Nous avons commencé à nous disperser, cherchant un endroit tranquille pour nous transformer en chrysalide. Craignant de nous perdre de vue, le jardinier a retenu sept d'entre nous dans une boîte, à l'intérieur de sa cabane.
D'habitude, à l'endroit qui nous convient, nous secrétons un support soyeux auquel nous nous accrochons, la tête en bas. Mais nous, emprisonnées, ne pouvions aller bien loin. Ainsi nous étions trois, toutes proches, à nous être suspendues au carton qui recouvrait la boîte. Le 14 août au matin, le jardinier eut une surprise : l'une d'entre nous s'était transformée pendant la nuit.
Il s'absenta durant deux heures, et à son retour nous étions deux à avoir revêtu une nouvelle parure, couleur jaune-vert.
Il ne voulait maintenant pas rater la nymphose de la troisième, qui, par chance, ne tarda pas. Quelques soubresauts, la peau qui s'ouvre et fait apparaître progressivement la chrysalide : en huit minutes, le changement était accompli.
10 heures 32, début du processus
10 h 34, vue de dos - 10 h 35, vue de face
10 h 36 - 10 h 37
Il faut maintenant s'agiter pour se débarrasser de l'enveloppe inutile
10 h 38, encore un effort ! - 10 h 40, c'est fait !
Voilà la dépouille, vieux vêtement au rebut
Dans l'après-midi, une autre de nos compagnes s'est transformée, et une dernière le lendemain 15 août. Il restait deux chenilles alanguies, qui semblaient avoir péri.
Nous voici maintenant, cinq fragiles nymphes sous la protection du jardinier. Notre coque va s'assombrir et se durcir, mais il ne devrait rien arriver d'important avant une quinzaine de jours. Sauf accident de parcours, ce sera alors la dernière phase : l'apparition de l'imago.
Les 4 premières, au matin du 16 août
Et la dernière, peut-être trop agitée, s'est détachée de son embase soyeuse
A bientôt, si tout va bien !