Creste haut perché
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C'est un petit village perché, dominé par les ruines d'un château-fort, dont un soir j'avais aimé les photos prises par Laurence, puis par Helliot qui n'avait pas craint d'effectuer la montée à vélo. Inconsciemment, j'avais dû être impressionné par l'aspect vertigineux du site, car la nuit suivante j'ai rêvé de Creste sur sa crête : entre autres péripéties, je roulais péniblement en voiture sur une piste encombrée de grosses pierres, et je m'apercevais brusquement que j'étais sur une arête bordée de chaque côté par un précipice. La voiture se trouvait bloquée, mais je réussissais à m'en extraire et à rejoindre le village à pied. Voulant atteindre le sommet rocheux, je glissais dans une cavité, et m'y retrouvais coincé jusqu'aux genoux, avec le reste du corps renversé au-dessus du vide. Une foule curieuse sortie du néant commentait la situation sans réagir, mais moi je me sentais bien. Au bout d'un moment, les pierres se sont écartées, consentant à me libérer, et je me suis réveillé.
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En réalité, on se gare facilement à l'entrée du village, et même s'il nécessite une certaine prudence, le sentier conduisant aux ruines du château n'est pas très dangereux. Le sévère avertissement placardé par la commune semble donc être de pure forme. Je n'étais d'ailleurs pas le seul contrevenant : au sommet, deux jeunes gens de la LPO munis de longues-vues et de sandwiches observaient patiemment la migration des pinsons du nord.
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Malgré sa faible superficie - un peu plus de 4 km2 -
et seulement 55 habitants, Creste est bien une commune à part entière
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Au-dessus de la grotte, la chapelle
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Une chance : grâce à des ouvriers qui y travaillent, la chapelle est aujourd'hui ouverte !
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L'accès au château : étroit avec des chicanes
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Du château il ne reste que quelques pans de mur
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Vue vers le sud, avec la pointe du pic de Brionnet
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-A l'ouest, Saint-Diéry et les crêtes du Sancy
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De longs lézards des murailles
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Complété le 13 juin 2013 (intérieur de la chapelle)
Montrognon, dans les pas de l'abbé
« Au-delà de Beaumont, nous suivîmes un petit sentier, à gauche de la grand'route. Il nous mena dans un vallon délicieux. Un petit cours d'eau s'échappait au fond de cette étroite colline située entre la montagne de Mont-Rognon et le puy des Chaumes. Des prairies ombreuses, tapissées d'arbres fruitiers, décorent ce site charmant. Des rangées de saules, tondus tous les trois ans par la serpe du vigneron, bordent le sentier et le ruisseau .
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A l'extrémité du vallon on découvre le village de Ceyrat qui se confond au milieu des arbres.
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Le nouveau pont qu'on a construit récemment sur la route, à l'entrée d'une gorge serrée et profonde, est remarquable par la hardiesse de sa construction.-
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Au-dessous de Ceyrat nous prîmes un sentier pierreux qui conduit, par une montée escarpée, aux ruines de l'antique château de Mont-Rognon, dont la silhouette se dessinait dans le lointain.
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Dans les chartes du moyen-âge, Mont-Rognon portait le nom de mons rugosus (montagne rugueuse), sans doute à cause de l'aspérité de la montagne et de l'accès difficile du château. Il semble avoir été produit par un volcan, car nous remarquâmes un courant de laves et des basaltes prismatiques.
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Parvenus au sommet, nous tombâmes sur la pelouse parsemée de débris du vieux château. Le soleil était à son zénith ; pour trouver un peu d'ombre, nous fûmes obligés de nous réfugier dans une vieille tour qui se dressait au sommet de la montagne. Les murs étaient d'une grande épaisseur, et avaient été construits si solidement que, malgré les outrages des frimas et du temps, ils avaient résisté. Néanmoins, minés sans relâche par les intempéries et la gelée qui pénètre les fissures, ils menaçaient de nous écraser.
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C'était tout ce qui restait de cet antique manoir féodal. Construit à grands frais, au XIIIe siècle, par le comte Guillaume VIII, qui se qualifia le premier du titre de dauphin d'Auvergne, il devint une forteresse imprenable. Par sa position il dominait toutes les campagnes environnantes et défiait l'audace des ennemis du comte. La famille de ce seigneur régna longtemps en Auvergne.
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Nous eûmes le temps de contempler à notre aise le paysage. En tournant le dos au sud, nous avions devant nous la ville de Clermont ; à gauche le gigantesque puy de Dôme, et à droite Gergovia que nous nous réservions de visiter.
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Nous saluâmes une dernière fois ces ruines qui disparaissent insensiblement sous l'action dissolvante du temps. L'ombrageuse politique de Richelieu avait commencé à faire démanteler le château qui finira bientôt par disparaître entièrement. Le silence règne dans ce vieux donjon, et le berger anime seul de ses pas la solitude de ces ruines féodales. »
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Ce texte est entièrement constitué d'extraits du récit attribué à l'abbé Jean Chaumette, ou l'abbé Etienne-Joseph Cosse,
" Souvenirs de Voyage ou Les Vacances en Auvergne ", publié en 1857.
(cliquer sur l'image pour accéder au livre,
sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica)
Le berger ayant quitté les pentes de Montrognon, je suis allé le chercher sur les hauteurs de Super-Besse.
Domaine royal de Randan : Isabelle
Au début du XXe siècle, Isabelle modernisa le château, en installant notamment l'eau courante, et l'électricité grâce à un générateur.
Etait-elle vraiment heureuse d'épouser son cousin Philippe ?
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Devant l'orangerie, cette serre bénéficiait d'un double système de chauffage,
par eau chaude circulant dans des tuyaux de cuivre toujours visibles au sol,
et par fermentation du fumier de cheval déposé dans des fosses situées à l'arrière.
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Comme les cuisines dégageaient des odeurs incommodant les résidents, on éloigna celles-ci, réalisant par la même occasion un magnifique toit-terrasse qui rejoignait la chapelle.
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Tout était donc prêt pour recevoir dignement quelques invités :
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-* des jardins en terrasses bien entretenus,
* un petit barbecue avec tournebroche à poulie,
* et les petites brochettes qui vont avec !
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* des tableaux et, pour rire un peu, des caricatures de célébrités :
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Au centre, le banquier Nathan Rotschild ; les deux autres sont des acteurs de l'époque
(celui de gauche, dans le rôle de Michel Rocard ? )
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* des meubles élégants,
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* des trophées de chasse,
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* une vue étendue sur les monts Dôme,
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* et surtout un merveilleux salon chinois ...
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Mais tout cela ne sera guère utilisé.
Isabelle meurt en 1921. Son fils Ferdinand, grand explorateur et chasseur, hérite de la propriété. Mais, accro à la cocaïne, il décède trois ans plus tard d'une overdose, non sans avoir légué ses biens à Maria Isabel, sa noble et jeune épouse espagnole. Une nuit de juillet 1925, c'est dans le salon chinois qu'un feu se déclare, et détruit le château. Maria retourne dans son pays, abandonnant sans regret un domaine auquel elle n'est pas attachée. C'est seulement en 1999 que ses héritiers se souviennent de cette lointaine ruine, et décident de la vendre aux enchères. Elle est maintenant la propriété de la région Auvergne.
-La visite laisse un certain sentiment de frustration : même en étant accompagné par un guide, il n'est pas permis de s'approcher du château, alors qu'il paraît possible de pénétrer sans danger dans la cour d'honneur ou d'avancer un peu sur la terrasse sud, pour voir quelques-uns des éléments de décoration. Pire, la longue terrasse de l'aile des cuisines, entièrement rénovée, est elle aussi inaccessible. Et quant à moi, j'accepte difficilement l'interdiction de toute photographie de la collection d'animaux empaillés de Ferdinand, alors qu'un prudent déclic, sans flash, ne saurait leur faire de mal. Enfin la simple promenade dans le parc est payante, au même tarif que les visites guidées, alors que sous l' Ancien Régime, la propriété non clôturée était librement parcourue par les villageois.
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Domaine royal de Randan : Adélaïde
Philippe d'Orléans, qui prit le nom de Philippe Egalité, était très opposé à la monarchie absolue. Cousin de Louis XVI, il n'hésita pas à voter la mort de ce dernier, avant de finir lui-même sur l'échafaud quelques mois plus tard, en novembre 1793.
Il avait de nombreux enfants, dont le futur roi Louis-Philippe, et Adélaïde. Celle-ci, qui pendant la Révolution voyageait en Angleterre, ne rentra en France, très riche, qu'à l'époque de la Restauration. Elle s'intéressa alors à Randan.
Le château de Randan, connu depuis le XIIe siècle, avait appartenu à diverses familles nobles. Madame Adélaïde l'acheta en 1822, et en fit une splendide demeure, entourée d'un grand parc.
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L'obélisque :
petit clin d'oeil d'Adélaïde à son grand frère Louis-Philippe qui, devenu roi des Français,
décidait à ce moment-là de placer l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde
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Louis-Philippe, la main posée sur la charte qui définit ses pouvoirs
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un séquoïa
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L'église du village est à deux pas, mais une famille de sang royal se devait de disposer d'une chapelle privée.
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Les vitraux ont été fabriqués à la manufacture de Sèvres
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Bon, le poulailler placé juste derrière la chapelle, c'est peut-être une légère faute de goût !
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Adélaïde, restée célibataire, meurt le 31 décembre 1847. Le domaine est alors transmis à un petit-neveu, Philippe, puis au décès de ce dernier en 1894, à son épouse Isabelle.
(à suivre)
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Le Broc
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A l'extrémité d'une coulée basaltique dominant la plaine, voilà un bon endroit pour construire un château-fort, au pied duquel vont s'agglutiner des villageois recherchant une protection, accordée par le seigneur sous le fardeau du servage. Puis le seigneur se fera tyran, et les habitants ne retrouveront la liberté, dans le meilleur des cas, que vers 1630, si le château est démantelé sur ordre de Richelieu. A défaut, l'attente sera prolongée d'un siècle et demi.
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Au Broc, les paysans n'ont pas attendu aussi longtemps : ils se sont révoltés vers l'an 1340 et ont obtenu une charte de franchise. Puis ils ont fortifié eux-mêmes leur village : c'était nécessaire, car la guerre qui devait durer Cent Ans venait de commencer, et des bandes de malandrins battaient déjà la campagne.
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Le château fut abandonné et tomba rapidement en ruines.
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En 1761, le château fut racheté, divisé en plusieurs lots, puis partiellement rénové : c'est la partie sud, construite avec un souci d'élégance absent de la forteresse moyenâgeuse.
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Avec vue sur la butte de Nonette
Les habitants étaient principalement vignerons. Leurs maisons comportaient toutes une cave, parfois creusée dans la roche, surmontée d'une ou deux pièces à vivre. Elles étaient serrées les unes contre les autres dans des ruelles étroites. Certaines sont maintenant en ruines, abandonnées pour des logements plus confortables.
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Vue sur le donjon
caves
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Aujourd'hui, la collectivité a lancé des travaux de rénovation, notamment près du grand escalier seigneurial, grimpant jusqu'au plateau, et descendu depuis des siècles par les pèlerins de Compostelle.
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Des pierres sculptées sont disposées sur le plateau, sous les marronniers. On peut leur chercher une signification, mais c'est peut-être simplement l'oeuvre d'une personne un peu adroite qui, sans prétention, a gravé les images qui lui sont venues à l'esprit.
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Un blason composé, dans lequel on a reconnu (à gauche)
les armes des seigneurs de Montmorin
" de gueules semé de molettes d'éperon d'argent, au lion de même brochant ",
l'autre partie paraissant inachevée
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la chapelle Notre-Dame de la Chaux, édifiée entre 1667 et 1703
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Le personnage le plus connu ayant vu le jour au Broc est Jacques Pardinel, qui fut chanoine de la cathédrale de Rodez, dont la dalle funéraire du XVIe siècle, ornée de coquilles Saint-Jacques, est placée à l'entrée de l'église.
Le vallon des Bouys
Guide Chamina "Au fil de l'Allier", n° 22
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C'est une marche de trois heures que l'on peut entreprendre à partir de Sainte-Marguerite, où un parking fait face à l'usine d'embouteillage.
Le circuit monte d'abord vers Saint-Maurice, surplombe le vallon, redescend vers Mirefleurs puis revient au point de départ en longeant l'Allier.
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Saint-Maurice-ès-Allier
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Le village dominé par le puy Saint-Romain (781 m)
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L'église, où l'on vénère les saints Romain et Maurice (à gauche),
tous les deux soldats romains, ce qui explique leur tenue.
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Fontaine-lavoir sur la place centrale
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La rue sous les forts
La poterne du fort villageois
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La maison des arcades
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Le "château" rénové
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Le vallon
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Le vallon est constitué de pelouses sèches dont la faune et la flore sont protégées. Près de la route en contrebas, on trouve la trace d'anciennes carrières, de bâtiments et de fours à chaux exploités jusqu'en 1945.
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Mirefleurs
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A Mirefleurs, on traverse d'abord des lotissements récents, avant de suivre un parcours labyrinthique dans le village ancien pour voir maisons vigneronnes, château et remparts. On traverse ensuite la zone artisanale, puis on longe l'aire d'atterrissage des deltaplanes qui s'élancent du puy Saint-Romain. Là, un petit détour permet d'atteindre la source salée du Sail, qui alimente un pré où poussent des plantes habituellement rencontrées en bord de mer, dites halophiles.
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En bordure du parc (non ouvert au public) du château
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Place Jean Domat
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Ruines du château des comtes d'Auvergne (XIIIe siècle)
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La place de la Molle
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Le clocher
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La croix de la Prade
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Source du Sail et pré salé
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Le pré salé est sous la protection du CEPA
(Conservatoire des Espaces et Paysages d'Auvergne)
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Je n'ai reconnu que le plantain maritime : facile, il abonde !
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Les berges de l'Allier
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Et l'on rejoint Sainte-Marguerite ... la prochaine fois, seulement !
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Le garou de Buron
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C'était un seigneur violent, vicieux, violeur. Il ne craignait ni Dieu ni Diable, et massacrait avec délice les pauvres gens qui se trouvaient sur son passage. Ivre de sang, il ne rentrait à son château, un sombre fort faisant corps avec l'éperon de basalte dont il était construit, que pour s'y livrer à la débauche. Au pied de la butte, les maisons paysannes s'étaient peureusement resserrées, et personne n'osait évoquer, même à voix basse, le nom de celui qui terrorisait la population. Longtemps après sa disparition, il suffisait de citer son surnom, "le Garou", pour que chacun soit à nouveau envahi par les frissons de la terreur.
Ce soir-là, il se restaurait dans son repaire, entouré d'une joyeuse bande de soudards. La journée s'était déroulée de bonne manière : pillage d'un monastère, après l'assassinat de tous les moines. Certains d'entre eux avaient même pleuré et imploré grâce, ce qui, pour être habituel, était d'autant plus plaisant dans un lieu sacré. Pourtant, le Garou ressentait comme un malaise.
Et la foudre se déclencha, embrasant le château dans le vacarme effrayant du tonnerre. Le Garou a-t-il vu la colère de Dieu, qui pourtant n'a pas l'habitude de se déranger pour des turpitudes aussi ordinaires, ou bien la joie du Diable impatient d'accueillir cette excellente recrue ? Toujours est-il qu'il s'enfuit, suivi de sa troupe épouvantée, et qu'on ne le revit plus.
Le château abandonné ne menace aujourd'hui que les rares visiteurs qui osent affronter les ronces dont il se pare.
Vue du massif du Sancy jusqu'au puy de Dôme, avec au centre le donjon de Montpeyroux
(cliquer pour agrandir)
Un pèlerinage dédié à N-D de Buron a lieu tous les ans, le troisième dimanche de septembre.
La petite église est surmontée d'une cloche du XIVe siècle, dite "la Montauronne"
(classée monument historique) qui provient de l'abbaye du Bouchet.
Les illustrations de la légende du sanguinaire sire Robert sont la reproduction de peintures du plafond de l'église de Buron. Sur les murs sont également peints des portraits dont j'ai fait ici une frise.
Coudes
Au fil de l’ Allier
C'est un village malchanceux, dominé d'un côté par le donjon de Montpeyroux, et déchiré de l'autre par l'autoroute. On comprend mal aujourd'hui comment les autorités ont pu oser choisir un tel trajet, qui comporte un toboggan géant construit délibérément au-dessus des maisons. Et ça uniquement pour permettre à la route de serpenter dangereusement jusqu'à Issoire, à l'étroit entre un cours d'eau capricieux capable de l'inonder, et une falaise qui, ébréchée pour les besoins de la cause, est sujette aux éboulements.
Malgré tout, le centre ancien de Coudes, blotti au confluent de la couze Chambon et de l'Allier, échappe au bruit de fond des automobiles. Il conserve son harmonieuse architecture de village vigneron, et la promenade au bord de l'eau est plaisante.
Le pont gothique (XIVe siècle) sur la couze Chambon...
...doté d'un panneau Michelin (plus récent) qui ravit les amateurs
Ici, la couze Chambon rejoint l'Allier
Au carrefour, il faut respecter les règles de priorité
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Le pont suspendu, construit en 1846, détruit par les Allemands en 1944 et reconstruit après la guerre, n'est plus autorisé aux voitures.
source : Notrefamille.com
Supplanté par un ouvrage moderne inauguré en 1976, il a perdu maintenant une grande partie de son utilité. Mais il est bien entretenu et reste beau.
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Points d'attache
L'eau de la source ferrugineuse est gracieusement mise à notre disposition :
Un petit canal (que l'on appelle ici béal), longe la couze Chambon jusqu'au coeur du village et alimente les jardins alentour.
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Quelqu'un a dû déranger les pigeons
Le sentier, après être passé sous l'autoroute, continue à longer le béal jusqu'à la dérivation.
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J'ai appris que le mécanisme de réglage des vannes avait pour nom une martelière
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Au sud, des habitations se construisent sur le coteau, pourtant exposé au bruit obsédant dont j'ai déjà parlé.
Encore quelques pas, et Coudes ne sera plus visible. A l'est, c'est Buron qui apparaît, au pied de sa forteresse moyenâgeuse détruite par un incendie au XVIIIe siècle.
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Château Rocher
" Au fil de la Sioule "
Nous quittons Châteauneuf-les-Bains , cap au nord.
Lisseuil a une toute petite église qui ne se distingue des autres maisons du village que par son pignon surélevé abritant deux cloches.
C'est un "clocher-peigne", appelé aussi "clocher-mur"
Mais dans le choeur est conservée une splendide vierge en majesté du XIIIe siècle, en bois.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul trésor du village, et le curé ne manque pas de nous le faire savoir :
Voilà qui est intéressant, mais nous ne pouvons nous attarder, car le but de la promenade, c'est Château Rocher :
Point de vue situé sur la route de Montluçon, dans la descente vers Pont de Menat
En longeant la Sioule, vous ne le verrez pas sous cet angle, mais plutôt ainsi :
Non, pas vraiment, car là, c'est dans l'autre sens, en venant de Pont de Menat. En fait, en partant de Lisseuil, vous ne le verrez qu'au dernier moment, en sortant du parking aménagé à Blot Rocher. Auparavant, vous aurez traversé Saint-Rémy-de-Blot, où Laetitia Casta en personne se tient prête à vous indiquer le chemin :
Voilà, nous y sommes !
Le château a été construit au XIe siècle par Archambault le Fort, et renforcé au XIIIe. On voit encore des traces du système de défense, constitué par plusieurs murs d'enceinte et fossés, du côté est :
A l'ouest, pas de problème défensif : c'est une falaise au-dessus de la Sioule.
Toutes ces précautions n'ont pas empêché, pendant la guerre de Cent Ans, la prise du château par des mercenaires à la solde de l'Anglais. Et très vite, avant même que Richelieu pense à la détruire, la forteresse fut abandonnée.
Et qui vint ensuite hanter ces lieux inquiétants, les nuits de pleine lune ? Mais le Diable, bien sûr ! C'est du moins ce que dit la rumeur, colportée par l'office de tourisme du pays de Menat sur son panneau d'information :
" On voyait alors s'élever dans les cieux d'immenses flammes, rouges, énormes et interminables jusqu'à se perdre dans les nuages.
Autour du feu, boucs, sorciers et damnés formaient une ronde ; leurs ombres se dessinaient parmi les ruines, en jouant avec les rochers.
Pour s'en être trop approchés, certains paysans devinrent aveugles ; ces soirs-là, dans les chaumières, on tremblait..."
La Sioule, elle, garde son calme, formant un joli méandre qui précède celui de Rochocol, que nous pourrons observer depuis Navoirat, sur l'autre rive atteinte en traversant le pont romain de Menat ... une prochaine fois !
Châteauneuf-les-Bains
Dans la série "Au fil de la Sioule", continuant vers le nord après Queuille, j'aborde maintenant à Châteauneuf-les-Bains : une rue dans la vallée, rive gauche, ponctuée d'une série de petits hameaux des deux côtés de la rivière.
Le garçon de café traverse sans arrêt la rue, de la belle terrasse de l'hôtel du Château jusqu'au balcon sur la Sioule, sans doute pour surveiller le passage des truites, qu'il ne faut pas confondre avec les jeunes saumons. Plus loin, s'affairant au milieu de ses palettes devant la petite usine d'embouteillage, l'autochtone est un grand Noir bien baraqué. Quelques touristes - voire curistes, mais y en a-t-il vraiment ? - passent, nonchalants.
La truitelle et le tacon
Pour info, la taille minimale des captures de truites est ici de 28 cm
Au bout de la rue, près d'un pont donnant accès à un camping, un circuit de découverte m'est proposé : je vais donc le tester, et vous informer comme dans les magazines, avec points forts, points faibles, et même les "incontournables", mais oui !
- Le point fort : le panneau.
Il est précis, il met l'accent sur les choses à voir : c'est bien utile lorsque l'office de tourisme est fermé, et il m' a donné envie de suivre le parcours (j'espère que vous arrivez à le lire - n'oubliez pas que vous pouvez agrandir en cliquant sur l'image).
- Le point faible : les panoramas de la grande boucle.
Le parcours est si peu fréquenté que l'habitant que je rencontre croit que je sors du camping et se préoccupe de me remettre dans le droit chemin. Non, je suis un simple promeneur, qui sera bientôt un peu déçu. On pardonne à ce circuit d'être en grande partie sur du goudron, et d'être mal balisé. Mais il nous fait miroiter des panoramas qui dans la réalité sont bien ternes.
Le premier est censé nous offrir une vue sur la presqu'île de Saint-Cyr, ce joli méandre à la sortie du village :
Voici ce que nous propose le croquis, et ce que l'on voit en réalité :
Désolé, mais la Sioule n'est pas du tout visible, pas plus que la presqu'île, et oser représenter l'église Saint-Cirgues comme un petit édifice sur un promontoire, alors que c'est une ruine enfouie dans les ronces, me semble relever d'une évidente mauvaise foi !
Mais, optimiste, je me dis que la végétation s'est épaissie, c'est tout, et je vais un peu plus haut, jusqu'à la Croix Rouge, et là ça commence très bien, puisqu'elle n'a même pas été repeinte en bleu :
Mais pour le panorama, il n'y a encore une fois pas grand-chose à distinguer dans la verdure, alors que pourtant je fais l'effort de me hisser sur le socle étroit de la croix :
Pour être tout-à-fait honnête, je dois dire qu'en redescendant j'ai aperçu la Sioule :
Si, si, c'est ce petit reflet bleu au centre de la photo !
Mais un troisième point de vue m'attend, et là je comprends que c'est un sadique qui a conçu le parcours. Voici ce qu'on me propose :
Mais ai-je la berlue ? Le château a complètement disparu, et l'église, tout juste discernable, est orientée différemment :
C'est qu'ici je suis à Gobiat, alors que le dessin me montre la vue que j'aurais depuis La Montjie, sur l'autre rive. En somme, on me dit que je suis bien bête d'avoir suivi le circuit proposé, alors que de l'autre côté, c'était tellement plus intéressant !
Malgré tout, la fin de la boucle est très plaisante : un chemin ombragé redescend vers les maisons, où j'admire l' atelier d'un cordonnier à l'ancienne, à la simple enseigne "Le Bouif" (qui désigne, en argot, le cordonnier).
Et c'est par un charmant petit pont de pierre, de fer et de bois, que je rejoins la rue principale.
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Les "incontournables" !
D'abord il faut monter au pic Alibert, du nom d'un rhumatisant qui a a fait élever à cet endroit une statue de la Vierge, pour la remercier de l'avoir conduit à Châteauneuf, où enfin des eaux efficaces l'ont guéri. Ici on voit la Sioule et l'amorce du méandre.
Ensuite, il faut prendre le chemin de l'église Saint-Cirgues - pas pour le monument, dont j'ai déjà dit qu'il n'était que ruines - mais pour le point de vue tout proche.
La fameuse église Saint-Cirgues
Vue vers le pic Alibert (au centre)
Dans les environs, dans l'étranglement créé par la rivière, se trouvent aussi le parc et l'établissement thermal. Bonne promenade, et à vous, chers camarades perclus de rhumatismes, bonne guérison !