Entre béal et pigeonniers
Guide Chamina " Lembron et Pays des Couzes ", n° 30
Ce béal, c'est un petit canal d'irrigation, proche de la couze d'Ardes, qui va jusqu'à longer les maisons du centre de Saint-Germain-Lembron.
Le lierre s'est bien accroché au peuplier
Nous atteignons bientôt la couze, au bord de laquelle trône un imposant saule pleureur.
Dans le parc où l'on peut pique-niquer, des livres sont à disposition.
Nous nous éloignons du bourg.
Nous suivons à nouveau le béal bordé de murets de galets, dans l'ombre parsemée de taches de lumière.
En septembre, ce sont surtout des tournesols fatigués qui se dressent dans les champs.
A mi-parcours, pour rejoindre Collanges, nous abordons la seule côte (petite) de ce parcours de deux heures trente.
Voici une fontaine double à Collanges.
Grâce au gel (une autre fois), elle a mérité une image double.
Derrière un haut mur, une tour restaurée annonce le château.
Face au château, un simple pré se trouve muni d'un grand portail.
Le tympan de la porte de l'église supporte une pietà sculptée du XVIe siècle, classée monument historique.
Après Collanges, ce ne sont que des cultures jusqu'au retour au village.
Le circuit ne nous reconduit pas directement à la grande place en terre battue devant l'hôtel de ville, mais nous fait parcourir les rues anciennes, jusqu'à l'église.
Pourtant visible de loin, le clocher a bien du mal à trouver sa place entre les maisons.
Cascade de la Barthe et lac Chauvet
L'itinéraire détaillé de la randonnée est décrit sur le site Planete Puy-de-Dôme .
Dès le départ, on est surpris de voir renaître un château-fort sur la butte de Ravel: une famille s'attache, depuis 2009, à réhabi(li)ter les ruines (voir La Montagne du 18 septembre 2014).
Le circuit traverse d'abord une zone de pâturages. Il faudra marcher pendant au moins 3/4 d'heure avant de trouver un peu d'ombre, et la fraîcheur d'un ruisseau.
Avec l'entrée dans le bois, la montée devient très raide ; le sentier débouche sur les prairies d'estive, à une altitude de 1100 mètres.
La cascade est toute proche.
Le circuit vire au sud-est sur un large chemin qui offre des vues sur les sommets environnants, et se transforme bientôt en une route goudronnée qui rejoint celle, plus importante, qui relie Besse à Picherande. Il faudra longer cette route sur près d'un kilomètre ; c'est la partie la moins agréable du parcours, même si elle est agrémentée, au début, par la vue d'une tourbière.
En 2013, la tourbière avait accueilli une oeuvre d'art : "Diatomées macroscopiques"
Après environ deux heures de marche, le lac Chauvet apparaît. On peut y pique-niquer.
Plus loin, dans le hameau de Grouffaud, un maison a conservé un toit de chaume.
C'est sous le regard des vaches que l'on rejoint le point de départ.
Le château d'Opme
Qui se cache donc derrière ces hauts murs ? Mais personne ! Le seigneur les a édifiés pour obtenir, sur des niveaux différents, deux grandes terrasses planes, et pour protéger les plantations des bêtes sauvages. Quand on a trois petits canards pour emblème, il ne serait pas séant d'avoir un caractère d'ours. D'ailleurs, aujourd'hui, Antoine de Ribeyre nous ouvre les portes de sa propriété (moyennant une modeste contribution).
" D'azur à la fasce ondée d'argent, accompagnée de trois canettes du même, becquées et membrées de gueules "
La famille qui a racheté le château il y a 25 ans a réalisé d'importants travaux pour redonner au jardin le cachet qu'il avait au XVIIe siècle.
(Photo parue dans le journal "la Montagne" du mardi 14 août 2012)
La terrasse supérieure, animée par un jet d'eau au centre d'un vaste bassin, est bordée de tilleuls tricentenaires.
La terrasse inférieure est consacrée au potager, ordonné en quatre carrés encadrant une jolie fontaine centrale.
Les planches de légumes paraissent un peu vides : en cette saison, magré la sécheresse, on aimerait y voir des laitues, des pois, des choux de printemps, des courgettes en fleurs ... La main-d'oeuvre fait sûrement défaut, ce qui expliquerait aussi que l'eau des bassins soit envahie d'algues, ou qu'en guise de pelouse, la redoutable oreille de souris, colonisatrice des terrains arides, se soit par endroits installée sans tolérer la pousse de la moindre graminée. Mais au lieu d'ergoter sur les détails, nous pouvons nous contenter d'admirer la composition d'ensemble, car dans notre région, il est clair que nous ne saurions rivaliser avec la splendeur de certains des jardins des châteaux de la Loire : nous ne jouons pas dans la même catégorie.
La ferme du domaine est en contrebas de la cour d'honneur du château.
L'intérieur du château ne se visite pas, à l'exception d'une exposition dédiée au maréchal de Lattre de Tassigny, qui fit ici un court séjour en 1940/41, et d'une salle où sont présentés les travaux effectués dans la propriété. Cette salle donne accès, dans l'une des tours rondes, à une petite annexe dans laquelle a été aménagé un oratoire. Celui-ci met en valeur une Vierge noire, ainsi qu'un vitrail (malheureusement invisible car la pièce est fermée par une grille) reconstitué à partir de débris retrouvés sur place.
Souvenirs de guerre, Berme et Chaméane
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, Berme Bas occupe une position dominante, idéale pour observer les mouvements de l'ennemi. Les résistants s'étaient répartis dans plusieurs maisons ; ils avaient créé un tribunal pour juger les collaborateurs (1). A l'arrivée des troupes allemandes, ils avaient fui, et les civils ayant accueilli les "terroristes" furent punis par l'incendie de leur village.
Les troupes continuèrent leur progression jusqu'au village de Chaméane, disposant d'un château où les résistants s'étaient retranchés. Le combat fit rage, de la mi-journée jusqu'au soir. Les témoignages sont rares, mais on sait que les résistants repoussèrent plusieurs attaques, et que les survivants parvinrent à évacuer les lieux.
Les morts ont été comptabilisés : 16 maquisards, 242 soldats SS (chiffre officiel peut-être surestimé), et sûrement quelques victimes collatérales, dont un civil fusillé parce qu'il n'avait pu trouver un abri à temps.
L'assaillant enfin victorieux fit exploser le donjon, et incendia le logis non sans l'avoir dépouillé de ses meubles de valeur (2). Peut-être aurait-il agi différemment s'il avait su que le château appartenait à un ressortissant d'un pays allié, un duc italien.
Depuis 1987 et pour de nombreuses années encore, le château est en restauration, grâce à la volonté des nouveaux propriétaires. Juste à côté, l'église Saint-Pierre-aux-Liens, du XIe siècle, n'a pas été touchée.
L'église conserve notamment un tableau peint en 1812 par Jean-Baptiste Collet (un élève de David, l'auteur de l'imposant Sacre de Napoléon), représentant Saint Amable dialoguant avec un ange.
Le monument commémoratif de la Résistance est en bord de route, non loin d'un petit bois abritant la pierre légendaire du Besset, qui garde son mystère.
Un panneau placé près de la pierre mentionne :
" Support de potence... Borne de péage... Ou autre chose encore ?
Sachez toutefois que la légende veut que les moines à forte poigne s'en servent pour échapper au diable ...
Pour en savoir plus demandez donc aux gens d'ici. "
1- Journal La Montagne du 9 septembre 2011 :
3- Passé antérieur du canton de Sauxillanges Voir le début : La Valette
Souvenirs de guerre, La Valette
La route qui grimpe jusqu'à Saint-Etienne-sur-Usson est charmante, mais sinueuse et très étroite. Dans le creux de la vallée, sur la gauche, on ne peut pas rater cette croix au socle imposant. En revanche, sur la droite, à peine une centaine de mètres plus loin, on peut très bien ne pas remarquer le château ruiné de la Valette, près de la rivière du même nom, blotti au fond de son parc et caché par un double rideau d'arbres.
Le château a connu des jours meilleurs, mais son destin a basculé par un dimanche d'été.
En 1912 (1)
La capitulation de l'Allemagne était maintenant inéluctable, les actes de résistance et les expéditions punitives se multipliaient. Au matin du 30 juillet 1944, les troupes d'occupation basées à Issoire ont déployé toute leur puissance pour capturer un petit groupe de maquisards, soupçonné de s'être installé au château de la Valette.
A l'arrivée des colonnes motorisées, personne n'était au château ; les Allemands l'ont aussitôt incendié. Aux alentours, les gens s'interrogeaient : " Il y avait de la fumée... On ne sait rien sinon qu'on a arrêté Mme Vaissière (ses deux fils ont dû prendre le large), le curé de Saint-Jean-en-Val ..." (2).
En réalité, c'est dans le bourg de Saint-Jean-en-Val, à la sortie de la messe, que l'arrestation a eu lieu. Les deux frères étaient bien présents.
Le jugement dernier, sculpté sur la croix de mission de 1894
Eglise du XIe siècle, remaniée aux XIVe et XVe siècles
Sur le portail , tête sculptée accueillant les fidèles
Les Vaissière n'étaient pas des résistants, ils cultivaient leurs terres. Ils s'étaient soumis à l'ordre de réquisition des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur). Ils ont été déportés : Paul et Joseph sont morts dans les camps, seule leur mère a survécu.
Mais l'occupant n'avait pas encore trouvé les résistants (au nombre de 55), alors qu'il avait mobilisé 1800 soldats d'élite. L'opération s'est poursuivie à Berme-Bas, puis à Chaméane.
A suivre :
Berme et Chaméane
Source : "Mémoires d'un artilleur"
1- In memoriam
2- Qui cherche trouve
Bigorne et Chicheface
Vous arrivez sans crainte à Villeneuve-Lembron, sur les pas de Rigault d'Aureille comme le précise le panneau indicateur.
Mais la place est vide, et l'avertissement est clair : ici, vous êtes sous la menace d'êtres étranges, l'un rond et gras, l'autre long et maigre.
Dès lors, l'angoisse monte, et vous n'avez d'autre recours que de vous réfugier au château.
Non, pas celui-ci, dont il ne reste qu'une tour carrée, mais le nouveau, construit par le seigneur après s'être enrichi en servant successivement quatre rois.
Mais ne restez pas dans le parc, cherchez donc un lieu plus sûr.
Ici ce sont les écuries, ornées de scènes de guerre et de paix. Dans les deux cas une lance peut vous briser le coeur.
La bigorne est là, mais vous voyez bien qu'elle est en carton, elle ne saurait vous faire peur.
Vous quittez ce lieu, car votre rang (de même que votre droit d'entrée fixé seulement à 5,50 €) vous autorise à pénétrer dans le logis seigneurial.
Malédiction ! C'est ici que ces créatures vous guettent, avides de chair humaine.
Il faut cependant savoir que la Chicheface ne se nourrit que de femmes bonnes et sages, et celles-ci sont si rares qu'elle ne mange que très rarement à sa faim (2). A l'inverse, la Bigorne se goinfre à l'envi des nombreux maris martyrisés par leurs épouses acariâtres (3).
Rigault d'Aureille avait beaucoup voyagé.
Rentré chez lui, et déçu par ses relations conjugales, le pauvre homme n'avait d'autre issue que de se laisser dévorer tout cru par la Bigorne. Quant à vous, peut-être trouverez-vous une porte de sortie : votre épouse, certes, est loin de vous donner toute satisfaction, mais vous n'êtes pas parfait non plus. Prenez-la donc par la main, et quittez ensemble ce lieu de malheur (j'ai essayé, ça marche !).
Le hic, c'est qu'ainsi vous n'aurez pas pu admirer les décors du château ... Dommage !
1- Image tirée de "Rois et reines de France", Editions Mirontaine.
2- Le dit de la Chicheface :
" Moy que l'on appelle Chicheface
Très maigre de coleur et de face
Je suis et bien en est rayson
Car ne mange en nulle saisson
Que femmes que font le comandement
De leurs maris entièrement
Des ans il y plus de deux cens
Que ceste tiens entre mes dens
Et si ne l'ose avaler,
De peur de trop long temps jeûner
Car dix mille ans ay esté en voye
Sans jamais avoir trouvé proye."
3- Le dit de la Bigorne (extrait) :
" Bons hommes qui le comandement
Font de leurs femmes entièrement
Sont si bons pour moy que c'est rage
Je les mège de bon coraige
Bons hommes sont bons à mèger.
Si je suis gras n'est pas merveille
Bons hommes m'essordent l'oreille
Afin que morir je les face."
Sur les traces de Montlosier
Le comte de Montlosier était ce qu'on appelle un homme de caractère. Il exprimait haut et fort ses opinions, fondées ou non. Il réussit par son esprit critique à déplaire successivement aux révolutionnaires, à la noblesse émigrée, à l'empire, à la monarchie restaurée, et durablement au clergé, qui en représailles lui refusa des obsèques religieuses.
Localement, il ne se prêtait guère aux mondanités, et n'était donc pas apprécié par la bonne société. Il s'en moquait, préférant arpenter, solitaire, la chaîne des puys. Ses observations lui inspirèrent un essai sur la théorie des volcans d'Auvergne, où il ne manquait pas, bien sûr, de fustiger un lamentable littérateur qui, avant lui, avait publié un écrit "rempli d'inexactitudes".
Ayant hérité de cette maigre terre de "rang d'âne", le comte décida de la mettre en valeur. Le connaissant maintenant un peu, nous nous doutons bien qu'il n'allait pas faire dans la demi-mesure.
Qui se douterait, voyant cette nature aujourd'hui exubérante, qu'il y a seulement deux siècles, la chaîne des puys - surnommée " la tête chauve de la France " - n'était couverte que de roches volcaniques, de quelques buissons et d'une rare bruyère ? C'était pourtant le cas, mais il n'y avait là rien qui puisse décourager Montlosier.
Voilà donc la situation, à Randanne, du domaine du comte de Montlosier
Dans ce pré qui vient d'être fauché, ce n'était que de la pouzzolane. Montlosier l'a recouverte de terre rapportée des alentours. Et si la roche réapparaissait, on rajoutait de la terre, pardi ! Au total, près de 60 000 tombereaux, nous dit-on : Monsieur le Comte ne manquait pas de persévérance.
Il a reboisé, en utilisant les essences les mieux adaptées ; il a fait des travaux de drainage et d'irrigation, creusé un étang. Bref, il a complètement remodelé le paysage, et c'est plutôt réussi.
Ce parcours a été créé par le Parc Naturel des Volcans d'auvergne : http://www.parc-volcans-auvergne.com/uploads/puy_de_science/sentier-montlosier2010.pdf?PHPSESSID=a4af0154bd80220e564525d5a41c0320
Les gorges de Chouvigny
En suivant le circuit intitulé " les gorges de Chouvigny ", décrit dans le guide Chamina des Combrailles (n° 74), les points de vue spectaculaires sur la Sioule ne sont pas nombreux.
C'est en grande partie un parcours vallonné en sous-bois qui procure de jolis effets de lumière,
et conduit à un unique belvédère, composé de gros rochers aux formes curieuses.
En voiture (ou en canoë), on apprécie mieux les divers aspects du paysage. De Pont de Menat à Chouvigny, sur 7 km, la route suit la Sioule en fond de vallée.
Un tunnel a été creusé dans la roche.
Le roc Armand dispose d'un escalier permettant d'en atteindre le sommet.
Et le château de Chouvigny, dont l'origine remonte au XIIIe siècle, surveille l'entrée des gorges.
Corent, village vigneron
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Les premières pentes
L'ancien village vigneron est accroché tout en longueur au pied d'une falaise, sur un étroit replat à flanc de coteau, mais l'architecte de son église s'en est accommodé, en la construisant très mince derrière son clocher.
La statue de Saint-Verny reproduite plus haut se trouve dans l'église
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Comme au théâtre, les gradins du cimetière permettent à chaque tombe, confortablement installée au soleil, de profiter largement du paysage.
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A l'ouest, la carrière de pouzzolane de Roc Rouge a sculpté d'imposants reliefs aux parois verticales.
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A mi-pente, une source alimente la vénérable station de pompage et l'ancien lavoir. Comme celui-ci est un peu loin du village, une "cabane, ou "baraque", permettait aux laveuses de s'abriter.
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Un peu plus bas, seule la tour de Chalus subsiste d'un château qui prospérait au XIIIe siècle.
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Elle a un air penché, car elle est plantée sur un terrain instable.
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Les parements intérieurs sont en arkose, et en basalte à l'étage. Le reste, c'est du tout-venant d'origine volcanique prélevé sur place : la pierre ne manque pas.
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Tout en bas coule l'Allier, ici au pont des Goules.
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Plus loin en direction des Martres-de-Veyre, en amont du pont de chemin de fer à Longues, la source du Tambour tambourine faiblement, absorbée par le grondement de la rivière.
(cliquer sur l'image pour voir la vidéo)
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La visite n'est pas terminée. Au-dessus du village, nous grimperons sur le plateau, en empruntant le chemin des chèvres.