Entre béal et pigeonniers
Guide Chamina " Lembron et Pays des Couzes ", n° 30
Ce béal, c'est un petit canal d'irrigation, proche de la couze d'Ardes, qui va jusqu'à longer les maisons du centre de Saint-Germain-Lembron.
Le lierre s'est bien accroché au peuplier
Nous atteignons bientôt la couze, au bord de laquelle trône un imposant saule pleureur.
Dans le parc où l'on peut pique-niquer, des livres sont à disposition.
Nous nous éloignons du bourg.
Nous suivons à nouveau le béal bordé de murets de galets, dans l'ombre parsemée de taches de lumière.
En septembre, ce sont surtout des tournesols fatigués qui se dressent dans les champs.
A mi-parcours, pour rejoindre Collanges, nous abordons la seule côte (petite) de ce parcours de deux heures trente.
Voici une fontaine double à Collanges.
Grâce au gel (une autre fois), elle a mérité une image double.
Derrière un haut mur, une tour restaurée annonce le château.
Face au château, un simple pré se trouve muni d'un grand portail.
Le tympan de la porte de l'église supporte une pietà sculptée du XVIe siècle, classée monument historique.
Après Collanges, ce ne sont que des cultures jusqu'au retour au village.
Le circuit ne nous reconduit pas directement à la grande place en terre battue devant l'hôtel de ville, mais nous fait parcourir les rues anciennes, jusqu'à l'église.
Pourtant visible de loin, le clocher a bien du mal à trouver sa place entre les maisons.
Grottes ornées pour l'été
Des artistes (1) ont investi des grottes proches de Saint-Nectaire.
Aux grottes de Châteauneuf, c'est de l'art rupestre, qui évoque aussi bien le Paléolithique que les tags cotemporains, voire la Guerre des Etoiles.
Même si les gravures sont peu nombreuses, il est possible de s'imaginer en paysan comptant ses vaches, en sorcier attirant la pluie, en prisonnier dessinant la femme des ses rêves sur la paroi de son cachot, ou en Mexicain basané un sombrero sur le nez. Et l'esquisse d'un âne peut vous rappeler qu'il ne faut pas manquer d'aller voir, plus bas dans l'église du village, son semblable jouant de la lyre.
L'orchis bouc pousse près des grottes
A Sapchat des arbres ceinturés de bandes argentées conduisent à une sombre grotte abritant une stèle éclatante.
En poursuivant un peu plus loin on découvre, sur le chemin une installation hydraulique, et au bout du sentier de la grotte une jolie cascade.
1- Julien Amillard - Vincent Barré et Chiman Dangi :
Pissenlits géants au bord du lac
Au bord du lac de Bourdouze, en cette fin d'été, seules restent fleuries quelques petites plantes comme la parnassie des marais, la jasione, ou l'euphraise casse-lunettes.
Mais une plante géante prête à lâcher ses graines a fait son apparition. Elle est d'une espèce inconnue, même si elle a une parenté avec le salsifis ou le pissenlit.
Il s'agit d'une oeuvre d'Alice et David Bertizzolo, " Pappus lactés ", présentée dans le cadre de Horizons - Arts Nature en Sancy. Oui, les pappus, ce sont bien ces touffes légères qui permettent la dispersion, au moindre souffle, des graines de pissenlit ou de salsifis.
Le vieux Montferrand
Encore Richelieu ! Non content d'avoir détruit nombre de nos châteaux-forts, voilà qu'il prend parti pour Clermont, au détriment de la cité voisine de Montferrand ! Et peut-être juste sur un coup de tête, sans doute excédé par les querelles incessantes entre ces villes rivales. Mais le résultat est là : en transférant la Cour des Aides sur l'autre colline, il a fait partir tous ces hauts magistrats très riches qui jugeaient souverainement en matière fiscale bien au-delà de la seule Auvergne, et les avocats, et ainsi de suite.
Pour faire bonne mesure, il ampute même Montferrand d'une partie de son nom : on parlera désormais de Clermont-Ferrand, et tant pis si cette dénomination n'est pas très jolie.
L'intérêt pour nous, c'est que les bâtiments du temps de la splendeur sont plus ou moins restés en l'état, ce qui nous permet d'admirer les maisons à colombages, et les hôtels particuliers dont l'austère pierre de Volvic est adoucie par les somptueux décors de style Renaissance.
Au sud, même relégué sur une placette, le lion perché sur la fontaine présente encore fièrement le blason de la ville : c'est son portrait tout craché.
Et un ado fait son cinéma !
A l'ouest, sur la place où se tenaient les grands marchés, trône la fontaine des quatre saisons. La borne entre les deux villes est un peu plus loin, rue de la Rodade.
L'église est de style appelé "gothique languedocien", dans lequel l'aspect extérieur était traité avec simplicité (à l'exception, ici, de la façade).
Vierge à l'enfant du XIIe siècle, en pierre
La maison de l'Apothicaire tient l'un des angles du carrefour central. Le praticien, muni de son clystère, s'apprête à administrer un lavement au patient qui a déjà pris position.
L'hôtel de Fontenilhes
Hôtel Regin, Saint Christophe et l'enfant Jésus
L'Annonciation
L'hôtel de la Porte (maison de l'Architecte)
Hôtel d'Albiat (maison des Centaures)
L'hôtel de Fontfreyde n'a plus cet aspect décrépit ; sa restauration semble près d'être achevée.
Dans la cour, la belle Lucrèce en médaillon, violée par Sextus Tarquin, fils du roi de Rome, met un terme à sa souffrance en se plantant un poignard en pleine poitrine.
Pour l'instant, la version restaurée a moins de cachet, je crois qu'il faudrait que les joints retrouvent leur blancheur
A l'Horizon 2014
Dans la terre il y a des bactéries, et les bactéries causent. (1)
;
Mais aujourd'hui elles sont muettes, malgré le sonotone.
Ou elles sont endormies, ou bien elles veulent pas. Enfin elles causent pas ...
***
La Roche Romaine a été dotée d'une réplique dorée (2).
J'vous ai apporté d'la mousse
Et la mousse c'est tellement bon
Surtout quand elle est polyuréthane
Et pis qu'elle est pas trop coriace
***
Au milieu du petit étang de Lyns, se reflétant dans l'eau calme, une île est apparue (3), couvertes de constructions que gentes dames et beaux damoiseaux n'occupent pas encore. C'est un joli jouet, acessible à tout âge, mais seulement pour regarder, et imaginer de grandes aventures d'amour et de gloire.
Il s'agit de balades artistiques proposées par Horizons "Arts Nature" en Sancy :
1- Le Cri du Sol, par Isabelle Daëron et Gaëtan Robillard.
2- Golden Replica, par Greta Dimaris.
3- Le Royaume, par Antoine Milian.
Les rochers de Rufino
Sur des blocs rocheux dans la pente dominant la rive gauche de la Morge, j’ai découvert les rochers de Rufino.
2
J’y ai vu plusieurs belles femmes élancées, nues, aux formes sensuelles, tandis qu’une autre, couchée en position fœtale, se cachait désespérément le visage …
Et des têtes humaines, sereines ou hiératiques …
Et, d’une facture moins maîtrisée, des animaux : une colombe de la paix gravant des signes avec son bec sur un livre ouvert, et une bête étrange qui porte une carapace, mais paraît dotée aussi de poils et de griffes, décrite comme une grenouille …
Et, à moitié gravés, des messages. L’un est à peine lisible, l’autre est touchant mais assez mièvre : « Accepte-moi pour ce que je suis Pas pour ce que j’ai Je t’aime » …
Et une scène évocatrice, caractérisée par un personnage doté d’un pénis en érection disproportionné. Et c’est là le problème …
Car je n’ai pas jugé utile de cacher cet aspect de l’œuvre, et en représailles l’association qui gravite autour du sculpteur m’a interdit de publier mes photos. Procédant par invectives, procès d'intention et menaces, elle a également tenté de me faire taire, sans grand souci de la liberté d’expression.
L’ensemble de sculptures est présenté officiellement comme un « hommage rendu aux personnes qui souffrent de maladies et de discriminations ». Pour faire bonne mesure, la notion de tolérance (mais oui !) y est ajoutée : tout cela est très honorable. Néanmoins, j’ai personnellement le plus grand mal à établir le lien entre cet habillage, et la réalité d’une scène à caractère explicitement sexuel, qui vraisemblablement n'est que l'expression des fantasmes du sculpteur.
Mais Alvarez Rufino lui-même n’assume pas et se dit « perturbé » par la simple description de ses créations. Le symbole phallique n’est pourtant pas nouveau, ni tabou. Dans une démarche ambiguë, l’artiste a d’ailleurs posé pour le journal La Montagne, la main gauche s'appuyant fièrement sur l’objet du litige :
L’œuvre est bien intéressante à observer. Il suffit, si vous avez de jeunes enfants, de vous préparer à leur répondre sans gêne, lorsqu’ils vous questionneront à propos de ce membre qu’il faudrait ignorer, alors qu’il est si ardemment dressé.
Illustrations :
1- Lingam au sanctuaire de Mỹ Sơn
2- prospectus
3- satyre puant ou phalle impudique
Lien : http://lesrochersderufino.wix.com/sculpteur-63440
Cœur de Riom
Au Ve siècle, Riom disposait déjà d'une église et d'un curé prénommé Amable. Comme le père faisait des miracles, il ne tarda pas à être vénéré, et la ville commença à s'étendre.
Les reliques de Saint Amable sont aujourd'hui encore conservées pieusement dans l'église qui porte son nom. Celle-ci n'a pas de style bien marqué, mais elle est dotée d'un riche mobilier : grandes orgues, grands tableaux, dorures, autel et anges en marbre...
Mille ans plus tard (c'est fou comme le temps passe vite !), Guillaume Revel prend un cliché de la ville. Devenue capitale administrative et judiciaire de l'Auvergne, elle s'est bien développée, protégée par ses remparts. Remarquez que Guillaume venait d'Aigueperse, au nord, c'est pourquoi l'est se trouve à gauche, et l'ouest à droite, bien sûr.
(Bibliothèque Nationale de France)
On observe d'abord, devant les remparts, l'Ambène (ce ruisseau a été en partie détourné pour alimenter des tanneries), et dans l'enceinte, de gauche à droite : le palais construit par Jean de Berry à partir de 1360 (à l'emplacement de l'actuel palais de justice) avec la Sainte Chapelle, puis le beffroi devenu la tour de l'Horloge, l'église ND du Marthuret, et la basilique Saint-Amable.
La Tour de l'Horloge
La dernière maison à pans de bois
Dans l'église du Marthuret, construite à partir de 1308, est conservée la Vierge à l'oiseau, également du XIVe siècle. Sous la Terreur, les bouchers de Riom ont caché cette sculpture afin qu'elle échappe à la destruction.
A la Renaissance, Riom devint ville royale, et des hôtels particuliers abondamment décorés furent édifiés.
La fontaine Adam et Eve a été construite plus tardivement, au XVIIe siècle.
Au XXe siècle, Etienne Clementel, dont le buste a été sculpté par Rodin, s'est attaché à préserver et enrichir le patrimoine de la ville.
Le Baiser de la Gloire, dans la cour de l'Hôtel de ville, sous les arcades
Mais la ville n'est pas entièrement bourgeoise. Près des anciennes tanneries, on trouve un quartier populaire. Il n'est pas nécessaire d'être un grand marcheur : tout est concentré dans la surface délimitée par le boulevard circulaire qui suit le tracé des anciens remparts.
Place de l'Eglise
D'habitude, le départ des balades est fixé sur la place de l'Eglise. Ici, les parcours ne manquent pas, pour rejoindre Mozac, Riom ou Volvic, gravir la colline de Mirabel, ou observer le système de répartition de l'eau autrefois surveillé par les aigueurs. Mais pour une fois les visiteurs garent leur voiture près de la mairie, et non devant l'église.
A Marsat, pourtant, c'est bien l'église qui vous attirera irrésistiblement, sachant que sa porte n'est jamais close, et dès lors que vous aurez pu apercevoir sa Vierge noire. Ne faites pas comme moi la première fois, remarquez bien qu'un interrupteur sur la gauche permet de l'éclairer.
Le château-fort qui se dressait ici cachait ses murailles sous une enveloppe de lierre. Elles commencent aujourd'hui à se libérer, sous l'impulsion de l'association des amis de Marsat. Du coup, la belle fontaine érigée en l'honneur de François 1er est provisoirement cachée par les barrières du chantier.
L'église comporte deux nefs accolées, la plus ancienne datant du Xe ou XIe siècle : c'était la chapelle d'un couvent de Bénédictines, dont il reste aussi le porche, et des vestiges du cloître.
A l'entrée, un chapiteau a été reconverti en support de bénitier.
Une curieuse roue, sur laquelle s'enroule une chandelle de cire, est suspendue à la voûte. A l'origine (très ancienne), elle était offerte chaque année à la Vierge pour attirer sa protection. De nos jours, bien accrochée, elle ne semble plus vouloir bouger, même en procession, et sa flamme ne scintille plus.
Dans une niche, un trésor est exposé. Sur la gauche, face à la tête d'un homme appliqué à maintenir l'édifice, une vierge et son fils, avenants mais un peu mièvres, nous préparent à la vision des stars hiératiques encore dans l'obscurité.
Ça y est, j'ai appuyé sur le bouton !
Une BD à la Chaise-Dieu
Les tapisseries du choeur de l'église abbatiale de la Chaise-Dieu ont été déposées pour une rénovation qui durera trois longues années. Dans l'attente de leur retour (en un autre lieu, paraît-il), j'ai revu les photos que j'avais prises lorsqu'elles étaient en place.
Ces tapisseries forment une bande dessinée qui raconte la vie de Jésus, entrecoupée de flash-back sur des histoires de l'Ancien Testament, aux péripéties plus ou moins prémonitoires.
J'en présente ici quelques extraits. Bien sûr j'ai accentué fortement les contrastes, mais peut-être n'est-ce qu'un avant-goût de l'éclat qu'affichera la version restaurée. Les images étant elles-mêmes très expressives, la traduction des bulles de texte en écriture gothique n'est qu'un jeu d'enfant : je me suis livré à ce jeu, de façon assez libre.







(voir aussi : Pâques, la résurrection )
Taille-crayons
Le point de départ est fixé à Cotteuge, juste avant le pont qui enjambe la couze Pavin.
Le chemin est bordé de murets composés de roches vocaniques recouvertes de mousses, fougères et orpins.
Parfois, une plante haute les accompagne : vipérine au sec, ou valériane au frais.
Nous arrivons au pont de la Chèvre, que nous connaissons déjà (voir : sources salées de Saurier).
La source ferrugineuse est toute proche, mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le travail de David Marin, qui a taillé beaucoup de crayons, et utilisé les copeaux pour reconstituer un arbre (1).
Voici des branches mortes au-dessus de la couze.
Et là, au bord du chemin, cet arbre a sans doute été abattu par une tempête.
Son écorce est bien curieuse, allons donc identifier cette essence.
Mais bien sûr, c'est l'oeuvre que nous cherchions !
1- Second Life, de David MARIN, oeuvre créée dans le cadre des "Rencontres Art-Nature Horizons 2012" :
(cliquer sur l'image pour agrandir)