La tourbière de Gayme
Encouragé par la découverte fortuite d'une plante carnivore, la grassette, dans une tourbière de pente du Sancy, j'espérais, en me rendant à cette tourbière près de Picherande, admirer la drosera autrement qu'en captivité dans une jardinerie.
Celle qui pousse en Auvergne, c'est la drosera à feuilles rondes :
Mais ne rêvons pas, pour que pousse la drosera, il faut de la tourbe. Or celle-ci, exploitée industriellement jusque vers l'an 2000, a pratiquement disparu. Il a suffi de 27 ans pour pour détruire, sans réel besoin, cette tourbière qui avait mis plusieurs milliers d'années à se constituer. Les panneaux qui jalonnent la petite promenade aménagée sur 3 km ne nous font d'ailleurs pas miroiter l'impossible : les collectivités tentent de réhabiliter le site, mais sans bien savoir ce qui va en résulter. Une remise en eau a été effectuée, mais elle crée un écosystème différent du milieu d'origine. Dans le meilleur des cas, avec un rythme de croissance d'un millimètre par an, nous ne verrons une tourbière digne de ce nom que dans un bon millier d'années.
C'est actuellement une grande zone herbeuse, très sèche en surface, longeant le petit étang qui masque les déchirures des pelleteuses.
L'oeuvre d'art placée là cet été (1) me paraît du coup tout-à-fait à sa place : voici un pont qui ne mène nulle part si ce n'est, brutalement, à son point de départ. Ou bien un serpent qui se mord la queue ...
Pour de patients observateurs, comme Christian, capable de passer une journée entière à suivre la naissance d'une libellule, la découverte de la drosera reste possible : il en donne la preuve. Simple promeneur, je me contenterai aujourd'hui de la vue sur le Sancy.
(1) - " Back Flip Bridge" par Tanya Preminger, artiste plasticienne israélienne.
Le tour de la vallée de Chaudefour
Guide Chamina "Massif du Sancy et Artense", n° 13
Le point de départ est à Chambon-des-Neiges, tout au bout de la station, "aux cinq cents diables", comme dirait le patron de l'auberge située à cet endroit et ainsi nommée.
En face, les orgues basaltiques sont, dans le pré en contrebas, ornées actuellement d'un napperon de dentelle (1).
Le parcours, prévu en cinq heures, est balisé en vert. Il faut environ une heure à travers bois pour rejoindre la vallée de Chaudefour, et admirer la Dent de la Rancune et la Crête de Coq.
Tournant le dos à ces rochers, nous traversons le ruisseau ; ensuite le sentier monte en lacets, en partie à travers des éboulis, sur le versant sud. Il offre alternativement des points de vue vers l'est jusqu'au puy de Dôme, et à l'ouest sur les crêtes du Sancy.
Encore une heure de marche depuis le fond de la vallée, et nous atteignons les pâturages d'altitude. Le puy de la Perdrix et le puy Ferrand sont en vue.
Super-Besse et le lac des Hermines
Le téléphérique du puy de la Perdrix a été récemment rénové
Entre le puy de la Perdrix et le puy de Sancy, la vue porte tant sur la Fontaine Salée, à l'ouest, que sur la vallée de Chaudefour, à l'est, à condition de ne pas être dans les nuages.
Ce sentier en contrebas, c'est le GR 4
Les moutons sont en bas, à gauche
Nous abordons le puy de Sancy par la face sud ; cet endroit est souvent venté.
Cette partie du sentier, très élargie et enfoncée par endroits, suite au passage de nombreux randonneurs,
fait l'objet de travaux depuis le début septembre 2009 (2)
Le 10 septembre 2011, l'amélioration est à peine visible
La grimpette pour atteindre le sommet n'étant pas prévue au programme, nous virons à droite pour rejoindre les crêtes qui dominent d'un côté le Mont-Dore, et de l'autre la vallée de Chaudefour.
C'est un petit jeu de montagnes russes : il faut enchaîner trois puys, avant d'entamer la longue descente (raide au début) qui ramène au point de départ.
Il est possible, avec un peu de chance car il est rare, de repérer le lis martagon ; sa cueillette est interdite. D'ailleurs, ici toute cueillette est interdite, de même que sont interdits les chiens ou les VTT, car c'est une réserve naturelle (3) .
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Voir aussi : Le fond de la vallée de Chaudefour
(1) Horizons 2009 (2) "La Montagne" du 2 septembre 2009 (3) Panneau du Conseil Général
Le roc de Courlande
Proche de la petite station de ski de Chastreix-Sancy, le roc de Courlande se dresse, haut de près de 1 500 mètres. Un parking est aménagé à droite de la route, et, dispersées dans l'herbe, trois tables avec bancs forment une aire de pique-nique en plein soleil, permettant de profiter de la vue panoramique.
Les différents symboles religieux sont dus au curé de Chastreix qui, ayant visité dans l'Isère Notre-Dame de la Salette où la Vierge apparut à deux jeunes bergers, s'empressa de transposer le site dans sa région. On remarque donc, sur le parcours menant au sommet orné d'une croix, la reproduction de trois statues qui, à La Salette, commémorent l'apparition.
On penserait plutôt à un empereur romain, mais c'est bien la Vierge
La station de Chastreix-Sancy est au pied du pic ; les monts du Sancy sont tout proches.
Le lieu est connu des géologues pour son gisement de belles pierres :
Actuellement on y trouve aussi ... un terrain de rugby !
Il a fallu le protéger des vaches, qui mangeaient ses bandes blanches en toile.
Allez, dépêche-toi, au stade on va se régaler !
Les bulles du bois de Chaux
Un peu avant d'arriver au bourg d' Egliseneuve d'Entraigues, en venant de Besse, il faut suivre à gauche la direction indiquée par la pancarte "lac et cascade d'Entraigues". Le parking est près du lac (c'est un petit étang).
On accède, à pied, à la cascade toute proche. Elle a deux étages : il est possible de descendre (avec précaution) au niveau intermédiaire, pour mieux admirer l'ensemble.
Le titre de l'oeuvre évoque les grondements des marmites de géants. Mais ici, les eaux ne sont pas déchaînées : aucune fureur, tout est élégance, douceur et légèreté.
C'est un site enchanté, avec des bulles bien plus grosses que celles que l'on s'exerçait, enfant, à faire avec du savon, ou du chewing-gum. Elles restent sages et n'éclatent pas, mais rien n'empêche d'imaginer qu'elles s'élèvent très haut, scintillantes, pour rencontrer les nuages.
A la tombée de la nuit, paraît-il, des fées viennent se baigner au pied de la cascade, et leur souffle fait voguer doucement les bulles qui s'éclairent comme par magie.
Lorsque viendra l'automne, elles partiront.
Le bloc soviétique en péril
Ce matin à Saint-Diéry, le vent évacue rapidement l'écharpe blanche laissée à la traîne par le dernier orage.
Dans ce village, il y a des hauts et des bas.
Il y a aussi des anciens et des modernes, des pro et des anti ...
Et toi, tu es pour ou tu es contre ?
Voici donc l'objet du litige : la tour Sharp (représentative de l'architecture socialiste à Berlin Est), sortie de l'Alexander Platz, pour être reconstruite dans le pré de Plagis, auprès des vaches.
Les anti n'y sont pas allés de main morte : ils ont lacéré tout ce qui se trouvait à leur portée, et le bâtiment rafistolé laisse voir sa maigre ossature.
Dans leur fureur destructrice, bravant les interdits, ils n'ont pas hésité à déranger les paisibles vaches rouges, au risque de faire tourner le lait du Saint-Nectaire !
Cependant, j'ai appris dernièrement que l'artiste n'avait pas installé la toile du rez-de-chaussée, ce qui réduit sensiblement, du moins en superficie, la portée de l'outrage.
Au fait, sur l' "Alex" (comme disent les Berlinois), cet immeuble n'est sans doute pas le plus remarquable, et la tour de télévision, haute de 365 mètres, domine tout. S'il s'agit de meubler la prairie, il me paraît possible de faire bien mieux.
Ach so, das ist eine schöne Turm ! Nein ?
Le diamant de Sancy
Rien à voir avec le puy de Sancy : c'est un gros diamant rapporté d'Inde en 1570 par le sieur de Sancy, simple homonyme et nullement auvergnat. Après une vie aventureuse - vendu au roi d'Angleterre, revenu en France, volé à la Révolution, réapparu en Russie - ce joyau termine maintenant sa carrière au musée du Louvre (1). Et pourtant ...
Nous rejoignons Murol.
Nous montons au sommet du Tartaret, et là ...
Mais oui, c'est bien lui, avec le lac Chambon à ses pieds et plus loin, justement, le Sancy !
C'est l'oeuvre d'une artiste bulgare, Maja Spasova :
Malgré son allure étincelante, il n'était pas au meilleur de sa forme lors de ma visite : conçu pour émettre des sons, il avait déjà perdu sa voix.
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PS : Les rencontres Art Nature "Horizons" comportent onze oeuvres. Je ne les ai pas toutes vues, mais je vous annonce deux nouveaux épisodes, à paraître prochainement :
- Le bloc soviétique en péril (à Saint-Diéry)
- Les bulles du bois de Chaux .
Imaginez ma fierté : Maja Spasova (lisez son commentaire) a apprécié mes photos !
1- Le Beau Sancy (plus petit) n'est pas mal non plus :
Cent assaillants au dolmen de Saillant
Garé dans le village de Saillant, près de la jolie cascade, je retourne dans ce pré où le dolmen à moitié enfoui garde son mystère.
Cet été, un artiste l'a encadré de toute une armée de piquets d'acacia. Les habitants de la contrée ont bien voulu se mobiliser pour collecter les chutes de laine qui habillent ces sentinelles.
Les pierres brutes habituées à la solitude, déjà dominées par un bosquet envahissant, ne m'ont pas semblé très satisfaites de ce nouvel arrivage de bois.
J'avais pensé à des drapeaux de prières bouddhistes, aux vêtements colorés des Andes ... Non, la symbolique a été mûrement étudiée, et l'auteur - conscient sans doute qu'elle n'apparaîtra pas clairement au néophyte - prend la peine de l'expliquer patiemment. Je vous la laisse découvrir :
(Horizons- Rencontres Arts Nature 2009)
Les cascades de Chiloza
Voici une courte boucle, de seulement 5 km. Il faut néanmoins disposer de bonnes chaussures, car le sentier est accidenté.
En arrivant à Besse par la route d'Issoire, avant le panneau indiquant le début de l'agglomération, se trouve à droite une petite route qui donne accès à une aire de pique-nique et un terrain de sport, et permet de se garer. Le chemin est fléché ; il suffit de suivre le balisage marqué d'un rond jaune.
Une étrange statue anime l'aire de pique-nique
Après avoir traversé la route, longé la station d'épuration et la déchetterie, nous suivons la rive gauche de la couze Pavin, qui sur 400 mètres se déverse en une succession de cascades.
Mais en outre, jusqu'à la fin de l'été, les " Rencontres Arts Nature Horizons 2009" nous offrent le spectacle magique de pierres volantes, formant comme un pont au-dessus de l'eau.
Même la vision des minces fils d'acier ne rompt pas le charme