La Montagne percée
La coulée de lave a suivi la vallée et s'est solidifiée. Des millions d'années plus tard, les ruisseaux ne sont pas parvenus à l'entamer, et c'est elle qui se trouve aujourd'hui en position dominante (1). Dans cette masse, une grosse bulle d'air a formé une grotte majestueuse, largement ouverte au nord vers Orcines, et disposant au sud, côté Chamalières, d'une fenêtre ouverte sur la ville. Je savais que la cavité se trouvait, à peu près à mi-chemin, sur un sentier allant du belvédère de la Pierre carrée jusqu'à la route de Villars, mais je dois reconnaître que, la première fois, je ne l'ai pas trouvée : j'avais suivi la trace (un peu dangereuse, si l'on est sujet au vertige) qui longe le bord supérieur de la falaise.
Il est vrai que la végétation a envahi le site ; autrefois, il était beaucoup plus dénudé.
Néanmoins, j'ai pu vérifier que, lorsque j'ai admiré ce cèdre, je ne me trouvais qu'à une vingtaine de mètres de l'entrée de la grotte, à condition bien sûr de remarquer le sentier situé légèrement plus bas.
La grotte accueille encore des occupants, à l'occasion.
L'ouverture sur la ville se termine par un petit balcon d'où l'on peut, si l'on est sportif, rejoindre le sentier au pied de la falaise.
Ce sentier donne accès à un site d'escalade récemment remis en état, avec des voies baptisées "bifidus", "soleil vert", "Cantal party", "alter-natif", ou encore "rencontre fortuite".
1- (cliquer sur le texte pour le lire plus facilement)
Source : http://domenicus.malleotus.free.fr/m/geologie_de_chamalieres-royat.htm
Lac Chambon
Au lac Chambon, on peut presque marcher sur l'eau.
A l'été 2011, on aurait même pu envisager d'y dormir.
Les canards colvert filent paisiblement, insensibles aux appels des enfants.
Les brochets disposent de tout le confort moderne, pour se reproduire et élever leurs brochetons, mais n'osent pas se montrer,
tandis que, forts de leur chair fade et de leurs nombreuses arêtes, les gros chevesnes
narguent les pêcheurs.
La pellicule huileuse à la surface de l'eau est naturelle :
elle est due à l'action des bactéries.
-
1- Lits d'eau, de Joël Thépault.
Champeix (2ème partie)
Du château du Marchidial, il ne reste que les remparts, quelques ruines, et la petite église.
On y monte par des ruelles étroites et tortueuses accrochées aux rochers.
Sur le versant opposé, ensoleillé, une association de sauvegarde a recréé de très jolis jardins en terrasses : le jardin à bouquets, le jardin du porche, du pigeonnier, du bois tordu, des amourettes ...
En bas, un canal de dérivation alimente en eau les potagers.
Champeix (1ère partie)
A Champeix, les maisons accolées de la place de la Halle, toujours animée, épousent harmonieusement la courbe de la couze Chambon, sous l'oeil attentif de l'ancien maire Paul Malsang qui, élu sénateur, s'occupa surtout de questions agricoles, mais intervint peu dans les débats (selon Wikipedia).
Dans son dos, des ruelles pentues vous conduisent entre de hauts murs vers des caves verrouillées percées d'étroites lucarnes, puis vous abandonnent au milieu des orties et des ronces. Derrière la poste, un sentier rocailleux passe près d'un pigeonnier rococo, et, si vous en faites l'effort, vous hisse jusqu'à un plateau bordé de pentes abruptes. En continuant sur ce parcours balisé en bleu, vous atteindrez le menhir de Pierre-Fichade.
Sur la rive droite de la couze, c'était le domaine des soeurs de Saint Joseph. Il en reste l'église et un jardin clos.
Statue en bois de Saint Verny, patron des vignerons
Linteau roman réunissant les symboles de la Trinité :
l'agneau (le Fils), la main de Dieu (le Père), la colombe (le Saint-Esprit).
Cuve baptismale du XVIe siècle
Et encore un passage mystérieux !
A suivre : Le Marchidial et les jardins
Au théâtre à Montaudou
Le mur des Sarrasins apparaît en divers endroits, et d'abord, dans notre région, à Clermont en
centre-ville. Mais celui qui nous intéresse aujourd'hui est à Ceyrat, au pied du puy de Montaudoux. Comme son nom ne l'indique pas, il fait référence, non à des barbares, mais (peut-être) aux "Césarins", adeptes du culte impérial. En tout cas, il date de l'époque gallo-romaine. Ce n'était pas un simple mur, mais le fond de la scène d'un théâtre.
Dominant la voie venant du sud, il informait les voyageurs approchant d'Augustonemetum : vous n'arrivez pas dans un quelconque patelin arriéré, mais dans une grande ville civilisée ! Cent cinquante ans plus tôt, Vercingétorix avait certes obtenu une victoire sur le plateau d'en face, mais César avait gagné la guerre, et les moeurs romaines avaient su nous séduire.
Il n'empêche, depuis que la chrétienté a décrété que la profession d'acteur était si peu recommandable qu'elle méritait l'excommunication, le théâtre a bel et bien disparu, sous les broussailles, les glissements de terrain et les emprunts de pierres de construction. Heureusement, le Zénith, qui peut recevoir autant de spectateurs (8000), remplit maintenant la même fonction, mais en position bien moins prestigieuse au bord de l'autoroute.
Bien que des érudits curieux aient retrouvé le théâtre romain (1), les autorités locales attendent des financements extérieurs pour mettre le site en valeur. Je l'ai d'abord cherché en marchant au hasard, sur les flancs du puy, sans succès. Mais Christian Le Barrier, qui a dirigé les fouilles, a laissé apparaître, sur le plan de l'édifice reconstitué, les parcelles cadastrales disponibles dans Géoportail. Si vous désirez vous rendre sur place, je vous laisse le soin, à votre tour, de reconstituer le puzzle :
Seule une partie du robuste mur de scène reste visible. Pour le reste, il faut faire preuve d'imagination.
côté coulisses
Les gradins
(source : Le journal de Saône-et-Loire)
En tant qu'étrangers, nous n'avons accès, par le vomitoire dédié, qu'aux derniers rangs. Les spectateurs mieux placés nous gâchent un peu la vue.
*
Puisque le spectacle est terminé, pourquoi ne grimperions-nous pas au sommet du puy, qui n'atteint modestement que 592 mètres ?
1- Extrait du journal "La Montagne" du 6 septembre 2005 :
--------------------------------------------------
Supplément pour les cisteurs
5/2/2013
La vallée des rouets
Au Grand Tournant, une machine sophistiquée, lourdement armée, menace de sanctions massives les imprudents qui négocieraient mal leur virage.
Un peu plus loin, à Château-Gaillard, avant d'arriver au bâtiment d'accueil, pour la visite guidée (en saison seulement), on traverse une allée bordée de cabanes en bois, genre Far-West.
Quels trésors peuvent-elles bien abriter ?
Ben là, vue par un interstice, c'est une machine à coudre Singer !
Un atelier clandestin, peut-être... Hum, je mène l'enquête !
Suivons donc Hortense, qui apporte la soupe à son mari, Maurice Pitelet dit Tchoucossa (Cul-cassé, en patois local), émouleur au bord de la Durolle.
Le rouet de Georges Lyonnet, dernier émouleur de la vallée resté en activité (seulement jusqu'en 1976)
Darteyre, le garde-champêtre, va bientôt passer pour percevoir la taxe sur les chiens, au tarif le plus élevé, avec toute la rigueur de la loi :
" J'ai trois tarifs : chien de garde, 30 sous ; chien de chasse, quarante sous ; chien d'agrément, 10 francs. Les vôtres, ils chassent pas, ils gardent rien, ils vous chauffent les fesses. Les fesses au chaud, c'est de l'agrément : dix francs."
" - Et si qu'on paye pas ?
- Contravention : 20 francs. "
Dans cette profession, on ne vit pas très vieux, et, comme cela arrive assez souvent, la meule de Tchoucossa lui éclatera au visage. Tous subissent les effets pernicieux " de l'émouture quotidienne, de la mauvaise posture, de l'humidité permanente, du froid et du chaud, procurant aux émouleurs des maladies aux noms compliqués dont ils se seraient, dans leur crasse ignorance, sentis fort indignes si quelqu'un avait pris la peine de les leur réciter : kératite, silicose, coxalgie, emphysème vésiculaire. "
Néanmoins, les émouleurs étaient fiers de leur métier, et appréciaient leur indépendance. " S'il leur chantait de travailler, ils restaient là, seize, dix-sept et dix-huit heures par jour ; de s'amuser, ils invitaient les compagnons des autres rouets et ensemble passaient du bon temps (...), ils buvaient jusqu'à plus soif, et même au-delà, de toute façon la soif des émouleurs a des limites imprécises."
Alors qu'il pêchait la truite, Pitelet l'Artiste sauva de la noyade Clotilde, une sauvageonne aux pieds nus, gardienne de chèvres et fabricante d'allumettes de contrebande.
Le vingtième siècle se présentait mal pour les émouleurs : c'est l'un d'entre eux qui inventa en 1904 une machine, par laquelle "un enfant de dix ans pouvait émoudre aussi bien qu'un artisan d'expérience."
Les personnages, situations et citations sont tirés du livre de Jean ANGLADE : Les Ventres jaunes.
Du Capucin au Sancy, le retour
Aujourd'hui, ce n'est pas au sommet que l'on peut pique-niquer au calme.
Quant à trouver un coin d'ombre, inutile d'y songer !
un criquet d'altitude (miramelle alpestre ?)
Nous descendons par le sentier du val de Courre, très caillouteux au début.
Seule une vache se protège de la chaleur
A la station du Mont-Dore, ce buron incendié garde la mémoire de résistants qui y furent tués. Les murs restés debout nous offrent un tout petit espace ombragé.
Le reste du parcours, jusqu'à la station d'arrivée du funiculaire, se fait en sous-bois ; de petites cascades dévalent les pentes : enfin un peu de fraîcheur !
l'impatiente ne-me-touchez-pas (balsamine des bois)
Mais il faut traverser l'espace torride du parking où le goudron se liquéfie. A l'ouverture des portières, l'air brûlant de la voiture restée en plein soleil nous saute au visage.
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Du Capucin au Sancy, la montée
La météo annonce une journée de très forte chaleur : 42° à Clermont. Nous ne sommes pas les seuls à chercher un peu de fraîcheur sur les hauteurs du Sancy, mais c'est raté : à 10h 15, au Salon du Capucin, il fait déjà 28°.
Le circuit balisé est d'une durée de quatre heures, mais après le puy de Cliergue, il redescend par le val de Courre sans aller jusqu'au puy de Sancy. Si l'on souhaite monter jusqu'au sommet, qui semble proche mais c'est trompeur, il faut bien prévoir une heure trente pour cet aller-retour.
Vue sur la vallée du Mont-Dore
Dernière montée, avec des escaliers jusqu'au sommet
Le balcon entourant la table d'orientation est très fréquenté. Juste une photo vers l'est et le puy de Dôme, et nous redescendons.
(A suivre : le retour)
Bandes plates et points ronds
Mais qu’est que c’est que ça ? Notre première fleur n'a été obtenue que très récemment ; comment a-t-on pu commettre une telle faute de goût, qui mérite un retrait immédiat de cette distinction ? Et devrons-nous supporter cette horreur jusqu’aux chrysanthèmes ? Dans ce cas, voilà bien un motif pour fuir cette ville infâme ; rejoignez-moi, nous serons les premiers exilés floraux.
On nous en a fait une belle longueur, en pensant peut-être que la chétive touffe de de graminées qui ponctue le coloriage suffirait à arranger les choses !
Et un peu plus loin ? L'idée est la même : gravillons et pouzzolane remplacent les paillettes de lin, et ici ou là une plante maltraitée végète au milieu d'une rondelle criarde.
Calmons-nous, ce massacre a sûrement une justification. Lubie de nos édiles ? non, ça paraît impossible, de mémoire de démocrate ça ne s’est jamais produit. Peut-être a-t-on supprimé des emplois chez les jardiniers, pour les remplacer par quelques barbouilleurs et manutentionnaires moins bien payés ? Mais non, cela ne figurait pas dans les engagements de campagne.
Devant le kiosque à musique d'avant-garde, les herbes envahissent les plantations, mais c'est sûrement pour préserver la biodiversité, comme chez une voisine qui, elle, apporte les précisions utiles.
Ou bien il s'agit simplement de faire des économies d'eau. Mais dans ce cas, que font nos voisins, et pourrons-nous nous réfugier chez eux ?
Dans cette commune, on cède aussi à la mode du jardin sec, avec son sempiternel pont enjambant un ru pierreux. Mais on fait aussi dans la tradition (et le slogan ridicule), avec la suspension de pétunias. C'est un peu mieux, mais insuffisant pour nous délocaliser.
Ici, c'est flagrant, on veut éblouir le curiste. Mais à mon goût c'est trop parfait, presque artificiel.
Là, c'est de la triche, on a carrément engagé un porteur d'eau.
D'ailleurs, il ne s'est pas foulé : il s'est contenté de vider le bassin à ses pieds. Et maintenant, il ne fait plus que de la figuration !
Et nous voilà complètement déboussolés,
mais la solution est sans doute ici.
Bien sûr, nous n'échappons pas au décor minéral, complété par son indispensable pont, mais le souci de créer une composition harmonieuse est évident, et nous profitons d'une belle production de légumes (peut-être un peu pollués par les gaz d'échappement).
Oui, c'est ce dernier décor que je préfère. Mais est-ce une raison suffisante pour déménager ? Il serait peut-être plus sage d'attendre un peu, en cultivant notre jardin.