Le souvenir s'efface
Inutile de pousser la porte, il n'en reste que l'encadrement, et les occupants ne craignent plus les cambriolages.
Pour reconnaître les siens, il faut se frayer un passage dans la végétation libre et vigoureuse, avant de déchiffrer les antiques stèles.


Aspert ou Cierge, Thiallier ou Thénard, Batisse ou Brugière, depuis longtemps les chrysanthèmes ont cessé de vous embaumer à la Toussaint.


Parfois c'est une mare trouble qui vous recouvre, je n'aimerais pas être à votre place.
Mais je ne peux rien pour vous, seulement vous promettre de vous rendre encore visite l'année prochaine, si tout va bien.
Horizons en marche - 3
C'est vrai, les épilobes sont en beauté, le machaon prend volontiers la pose. Mais il ne s'agit pas de se laisser distraire : l'objectif est dans notre ligne de mire, cible jaune sur le flanc nord de la banne d'Ordanche (1).
Je n'avais pas repéré les gardiens, mais le berger et son chien sont bien là sur la photo, plein centre
Au sommet du Tartaret, un diamant scintillait. Aujourd'hui, un bonbon rose crashé dans les branchages voudrait nous faire croire qu'il est de taille à attaquer ... qui donc, au fait ? (2)
Pour la suite, nul besoin de marcher. Près de Courgoul, au-dessus de la couze de Valbeleix, l'oeuvre qui décore le pont gallo-romain (3) se découvre depuis la route.
Et à La Bourboule, ces plantes étranges (4) se sont installées juste à l'entrée du parc Fenestre.
1- Flash Loading, de Marie Lelouche 2- Sancy Contre-Attaque, de Guillaume Renou
3-Ô, de Michel-Marie Bougard 4- In the world of plants, de l'Atelier Land Art
Horizons en marche - 2
Non, là ce n'est pas très judicieux : suggérer d'aller se garer près du lac Chauvet pour faire la route en sens inverse, mais à pied, jusqu'aux " Diatomées mégascopiques " (1), en se faisant frôler par les voitures et en respirant leurs gaz d'échappement, merci bien ! D'ailleurs tous les visiteurs s'arrêtent juste devant la tourbière décorée, ils y trouvent facilement une place.
Selon le temps, l'impression diffère. Et la nuit, elles s'éclairent !
Les nouvelles venues ne perturbent pas les abeilles
En revanche, pour rejoindre le lac Estivadoux où se trouve l'installation " Earthpulse " (2), le sentier traverse les prairies, je préfère !
" L'oeuvre de l'artiste polymorphe à l'approche holistique prend la forme d'un sismographe
qui résonne comme un signal d'alarme." (sic)
Au col de la Croix Saint-Robert, ce ne sont plus des vaches, mais un important troupeau de brebis, sous la garde d'un patou. Il faut bien suivre les recommandations :
Le " Passage d'Horizon " (3) surplombe la vallée du Mont-Dore.
(à suivre)
* Voir le " Chastriscope " de Prisca Cosnier
Horizons en marche - 1 (ensemble païen de Lomprat, pic Saint-Pierre)
Cette année, les organisateurs des rencontres art-nature ont décidé de nous faire marcher : même lorsqu'on peut se garer facilement à proximité de l'oeuvre, le parking officiel est fixé bien plus loin. C'est le cas pour les "Encorbellements" (1) situés au-dessus des grottes de Jonas, mais dont le point de départ est à Lomprat, ce qui nous promet une balade d'au moins 2 heures, agrémentée d'un certain dénivelé. Et pourquoi pas ?
A une altitude de 760 m, la petite route non goudronnée nous conduit sur le plat jusqu'au cimetière, où il faudrait entamer la montée. Mais ce serait dommage de ne pas continuer jusqu'au carrefour distant d'à peine 200 mètres, où a été érigée la croix Saint Verny au XVIe siècle.
De là, il n'y a que 100 mètres à parcourir pour découvrir l'édifice qui, bien que christianisé, garde son mystère païen.
Saint Jean, ou dieu gaulois Cernunnos ?
La montée jusqu'à 880 m, au col de la Feuille, est bien ombragée, pas trop dure. Mais la brochure nous incite à poursuivre, à découvert et sous un soleil de plomb, jusqu'au sommet du pic Saint-Pierre haut de 996 mètres. C'est quand même tentant, car la vue y est étendue, et une jolie chapelle y a été construite.
L'orage se rapproche-t-il ?
Finalement, non !
Des restes de bâtiments (logis de moines ?) subsistent, aini que des tombes (illisibles)
Bon, voici enfin l'objet de notre recherche, il est en bois brut (sur le projet il semblait peint), et personnellement me laisse de marbre. Sous quel angle faut-il le regarder ? Sûrement pas face à la plaie de l'immense carrière, peut-être vers la vallée ... à vous de voir !
1- Les Encorbellements, oeuvre de Matthieu Pilaud :
Les Pierres bleues
Des plantes étranges se développent cet été, non loin du chemin que nous avons déjà parcouru, sur quelques-unes des pierres qui parsèment les bois du comte de Montlosier.
C'est une oeuvre de Stéphanie Cailleau (1).
En poursuivant sur le chemin, on peut trouver les traces de décors testés par d'autres artistes, sans succès car la nature ne se laisse pas facilement habiller.
Brrr ! l'araignée géante a déjà empaqueté une proie (humaine, sans doute),
Une toiture végétalisée Un tronc ligoté
1- Horizons "Art Nature" en Sancy :
Bonsaï
Les amateurs de bonsaï organisent chaque année une exposition dans le Puy-de-Dôme ; l'entrée est gratuite. Ici, c'était le 9 juin, à Lezoux.
Shohin, "petite chose", doit pouvoir tenir dans une seule main : l'arbre est en général inférieur à 25 cm.
Mame est encore plus petit : environ 10 cm.
Auvergne Bonsaï Club
Fort de Mareugheol
Bien qu'aucune bande armée ne menace plus les villageois depuis la fin de la guerre de Cent Ans, le fort de Mareugheol reste le mieux protégé de toute la plaine du Lembron. Les hauts remparts flanqués de leurs quatre tours d'angle sont toujours là, percés d'étroites ouvertures qu'un arrêté municipal, dûment placardé pour que nul n'en ignore, interdit formellement de franchir. En haut des murs, des pierres branlantes pourraient à tout moment basculer, et fracasser la tête des imprudents qui oseraient pénétrer dans les ruelles à l'abandon.
En réalité, je pense que la municipalité a seulement voulu dégager sa responsabilité en cas d'accident. Je n'ai donc pas hésité à braver l'interdit, sous le regard indifférent des chats de garde.
Le gîte des deux roues en a placé une face au passage
"Descendez, ça c'est défendu
Mater chez les gens !"
Ne cherchez pas la Vierge debout allaitant.
Elle a été confiée à la cathédrale de Clermont, en attendant l'installation d"un système de sécurité.
( Photo : Ministère de la Culture, Conservation des antiquités et objets d'art du Puy-de-Dôme)
Bigorne et Chicheface
Vous arrivez sans crainte à Villeneuve-Lembron, sur les pas de Rigault d'Aureille comme le précise le panneau indicateur.
Mais la place est vide, et l'avertissement est clair : ici, vous êtes sous la menace d'êtres étranges, l'un rond et gras, l'autre long et maigre.
Dès lors, l'angoisse monte, et vous n'avez d'autre recours que de vous réfugier au château.
Non, pas celui-ci, dont il ne reste qu'une tour carrée, mais le nouveau, construit par le seigneur après s'être enrichi en servant successivement quatre rois.
Mais ne restez pas dans le parc, cherchez donc un lieu plus sûr.
Ici ce sont les écuries, ornées de scènes de guerre et de paix. Dans les deux cas une lance peut vous briser le coeur.
La bigorne est là, mais vous voyez bien qu'elle est en carton, elle ne saurait vous faire peur.
Vous quittez ce lieu, car votre rang (de même que votre droit d'entrée fixé seulement à 5,50 €) vous autorise à pénétrer dans le logis seigneurial.
Malédiction ! C'est ici que ces créatures vous guettent, avides de chair humaine.
Il faut cependant savoir que la Chicheface ne se nourrit que de femmes bonnes et sages, et celles-ci sont si rares qu'elle ne mange que très rarement à sa faim (2). A l'inverse, la Bigorne se goinfre à l'envi des nombreux maris martyrisés par leurs épouses acariâtres (3).
Rigault d'Aureille avait beaucoup voyagé.
Rentré chez lui, et déçu par ses relations conjugales, le pauvre homme n'avait d'autre issue que de se laisser dévorer tout cru par la Bigorne. Quant à vous, peut-être trouverez-vous une porte de sortie : votre épouse, certes, est loin de vous donner toute satisfaction, mais vous n'êtes pas parfait non plus. Prenez-la donc par la main, et quittez ensemble ce lieu de malheur (j'ai essayé, ça marche !).
Le hic, c'est qu'ainsi vous n'aurez pas pu admirer les décors du château ... Dommage !
1- Image tirée de "Rois et reines de France", Editions Mirontaine.
2- Le dit de la Chicheface :
" Moy que l'on appelle Chicheface
Très maigre de coleur et de face
Je suis et bien en est rayson
Car ne mange en nulle saisson
Que femmes que font le comandement
De leurs maris entièrement
Des ans il y plus de deux cens
Que ceste tiens entre mes dens
Et si ne l'ose avaler,
De peur de trop long temps jeûner
Car dix mille ans ay esté en voye
Sans jamais avoir trouvé proye."
3- Le dit de la Bigorne (extrait) :
" Bons hommes qui le comandement
Font de leurs femmes entièrement
Sont si bons pour moy que c'est rage
Je les mège de bon coraige
Bons hommes sont bons à mèger.
Si je suis gras n'est pas merveille
Bons hommes m'essordent l'oreille
Afin que morir je les face."
Un volcan actif
La Vieille Dame culmine à 1467 mètres, à peu près comme notre puy de Dôme, et on la trouve encore jeune, elle aussi, malgré ses 100 ou 200 000 ans. Elle garde un fort tempérament, rejetant en continu des fumées soufrées qui vous piquent les yeux et la gorge. Depuis sa dernière éruption (phréatique) en 1976, elle est auscultée en permanence.
Le chemin commence dans la forêt tropicale, traverse une végétation basse très colorée dominée par les fougères arborescentes, escalade des rochers, atteint le sommet déchiqueté, frôle des gouffres ...
Comme j'ai eu la chance de randonner à la Soufrière, en Guadeloupe, je ne résiste pas au plaisir de vous en montrer quelques photos.