La tourbière de Gayme
Encouragé par la découverte fortuite d'une plante carnivore, la grassette, dans une tourbière de pente du Sancy, j'espérais, en me rendant à cette tourbière près de Picherande, admirer la drosera autrement qu'en captivité dans une jardinerie.
Celle qui pousse en Auvergne, c'est la drosera à feuilles rondes :
Mais ne rêvons pas, pour que pousse la drosera, il faut de la tourbe. Or celle-ci, exploitée industriellement jusque vers l'an 2000, a pratiquement disparu. Il a suffi de 27 ans pour pour détruire, sans réel besoin, cette tourbière qui avait mis plusieurs milliers d'années à se constituer. Les panneaux qui jalonnent la petite promenade aménagée sur 3 km ne nous font d'ailleurs pas miroiter l'impossible : les collectivités tentent de réhabiliter le site, mais sans bien savoir ce qui va en résulter. Une remise en eau a été effectuée, mais elle crée un écosystème différent du milieu d'origine. Dans le meilleur des cas, avec un rythme de croissance d'un millimètre par an, nous ne verrons une tourbière digne de ce nom que dans un bon millier d'années.
C'est actuellement une grande zone herbeuse, très sèche en surface, longeant le petit étang qui masque les déchirures des pelleteuses.
L'oeuvre d'art placée là cet été (1) me paraît du coup tout-à-fait à sa place : voici un pont qui ne mène nulle part si ce n'est, brutalement, à son point de départ. Ou bien un serpent qui se mord la queue ...
Pour de patients observateurs, comme Christian, capable de passer une journée entière à suivre la naissance d'une libellule, la découverte de la drosera reste possible : il en donne la preuve. Simple promeneur, je me contenterai aujourd'hui de la vue sur le Sancy.
(1) - " Back Flip Bridge" par Tanya Preminger, artiste plasticienne israélienne.